vendredi, 29 mai 2020
La vie des macrobites est plutôt monotone
Maisons de retraite
Remugle d'eau de Cologne
d'urine et de mort
Le cul à la chaise
tous attendent le repas
le lit le trépas
Il règne en ces lieux
chaleur d'étuve et silence
gris de cimetière
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jeudi, 21 mai 2020
Papiers journaux, bonshommes Ripolin et continuité des parcs 3
Continuant de copier — comme Bouvard et Pécuchet — ce qu'ont copié les autres — comme Simon Leys :
"Un homme qui s'attache aux harmonies, qui n'associe les étoiles qu'avec les anges, ou les agneaux avec les fleurs printanières, risque d'être bien frivole, car il n'adopte qu'un seul mode à un certain moment ; et puis ce moment une fois passé, il peut oublié le mode en question. Mais un homme qui tâche d'accorder des anges avec des cachalots doit, lui, avoir une vision assez sérieuse de l'univers."
(Simon Leys, L'Ange et le cachalot, Seuil, 1998)
Une vision de l'univers qui n'est pas sans évoquer le "Grand Chosier" d'Alexandre Vialatte, le bric-à-brac baroque du monde comme il va, dont l'almanach Vermot et le catalogue Manufrance, aussi bien que le sommaire de ses innombrables chroniques esquissent de précaires et jubilatoires catalogages.
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dimanche, 03 mai 2020
Hétéronymes
Hétéronymes — "Larvatus prodeo."
Agathe, Célestine, Jeanne, Marie, Rose, Constantin, Thomas, Zdzisław...
"Je est un·e autre."
Un·e autre est jeu... Pas toujours.
Fantoches, personnages plats — semblables à ceux qui rôdent dans les corridors ombreux de la maison du joueur de flûte ou tombés d'entre les pages du répertoire de Cerfberr et Christophe.
Certains écrivent, d'autres non. Ou juste dans leur tête, comme l'homme de Patricia Highsmith.
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dimanche, 15 mars 2020
Le sens de l'épigraphe 5
"Mon propos est précédé de trois épigraphes. La plupart des causeries, conférences, et communications de circonstance sont vite oubliées. En revanche, toute épigraphe devrait être mémorable. Mes lecteurs pourront naturellement oublier ce que je vais leur raconter ici, mais il me semble qu'ils devraient quand même retenir ces épigraphes."
(Simon Leys, "Des mensonges qui disent la vérité", in Le Bonheur des petits poissons, J.-C. Lattès, 2008)
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jeudi, 23 janvier 2020
Le sens de la formule 16
Nancy Huston, parlant de la première de ses trois belles-mères :
"... une personne obèse et bourrue sans métier autre que celui de mère juive."
("Les trois belles-filles" in Nord perdu, Actes Sud, 2019)
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samedi, 18 janvier 2020
Papiers journaux, bonshommes Ripolin et continuité des parcs 2
"Citer l'autre"
"On me reproche de trop citer d'auteurs. Mais les citations ne sont pas des paravents derrière lesquels se réfugier. Elles sont la formulation d'une pensée qu'on a caressée un jour et que l'on reconnaît, exprimée avec bonheur, sous la plume d'un autre. Les citations révèlent l'âme de celui qui les brandit. Elles trahissent le regret de ne pas avoir su ou n'avoir pas pu dégainer sa pensée."
(Sylvain Tesson, Géographie de l'instant, Éditions des Équateurs, 2012)
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dimanche, 12 janvier 2020
Le sens de l'épigraphe 4
"C'est ainsi qu'un jour, par hasard, nous nous rappelons tant de visages, tant de choses, mais il n'y a plus personne pour se souvenir de nous, et nous sommes encore vivants."
(Angelo Rinaldi — source non précisée : La Dernière Fête de l'Empire in Comedia de Thierry Jonquet, 2005)
Qui se souvient d'Angelo Rinaldi, — encore vivant puisque "immortel", romancier distingué et critique fielleux ?
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mercredi, 01 janvier 2020
Chief de l'an
Et comme chaque année, sur Facebook, en guise de vœux de nouvel an, la prière de Nick Tosches — Hæc placuit semel, hæc decies repetita placebit...
"Il y a ceux que j'aime et que je porte en moi. Certains que j'ai abandonnés depuis longtemps, d'autres qui m'ont depuis longtemps abandonnés. Et qui pourtant sont toujours présents en moi, dans l'amour que je porte en moi.
Il y en a aussi que je n'ai jamais abandonnés et qui ne m'ont jamais abandonné...
Quant au reste d'entre vous, ni moi ni les êtres que je porte en moi ne souhaitent votre présence, qui nous serait intolérable. Tout ce que je vous souhaite, vous dont la peur, la bêtise et la jalousie ont assombri mon existence antérieure tout en vous faisant vivre vous-mêmes dans l'abjection — et vous savez qui vous êtes, de même que ceux que je porte en moi savent qui ils sont —, c'est que votre vraie mort, à laquelle votre mort spirituelle a préludé depuis belle lurette, arrive avant la mienne.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen."
J’aurai tout de même une pensée particulière pour ces amis disparus — "de si près tenus", naguère, "et tant amés" — dont chaque année ajoute le nom à l’obituaire.
Amis perdus, complices, amis des fantoches, amis des amis d’Étienne, de Rose ou de Constantin, amis des "longues beuvettes", des pétanques estivales sous le soleil du Brionnais.
Amis éphémères, parfois, emportés par le vent mauvais du hasard, que nous ne reverrons plus sur cette terre, que l’on reconnaît à peine sur les vieilles photographies, ombres errantes qui reviennent encore parfois hanter nos rêves comme le vague remords d’une faute oubliée…
Le "chief de l’an" incline à la mélancolie.
Buvons. Jamais nous ne boirons si jeunes.
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mercredi, 18 décembre 2019
Choses vues 12
Vaguement quenaldien.
"Le chien des Polonais a chié dans le jardin.
— C'est un monostiche.
— Certes, mais cela n'excuse pas tout."
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samedi, 12 octobre 2019
Automne 4
Début d'automne au jardin. Couleurs de saison. Mauve souffreteux des grands asters, des cyclamens — hier encore, des colchiques. Dans la haie, rose fané des bonnets carrés du fusain. Les feuilles du saule jaunissent, celles des arbres à perruques prennent des tons d'ecchymose, de viandes mortifiées...
Seuls réjouissent l’œil, dans cette palette maladive, les gratte-culs vermeils et dodus de l'églantier.
S'ensuivent cinq haïkus d'automne.
Plus ou moins botaniques ou dendrologiques...
Les cynorrhodons
Jolis petits gratte-culs
vermeils et dodus
Les bonnets carrés
aux branchilles du fusain
berlingots vireux
Déjà l'aubépine
pour les oiseaux de l'hiver
mûrit ses cenelles
Du tilleul parfois
tombe comme en parachute
quelque carcérule
Il faudrait encore
dire deux mots des samares
du vieux sycomore
On n'en finirait pas...
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