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vendredi, 09 mars 2007

Incipit 3

"La bêtise n'est pas mon fort."
J'ai voulu relire Monsieur Teste. L'incipit, qui, délibérément ou non, dit le contraire de ce qu'il semble vouloir dire, est encore ce qu'il y a de mieux dans ce livre passablement ennuyeux.

jeudi, 08 mars 2007

Journée de la Femme

"La femme esclave : Tel est le titre d’une brochure qui s’est distribuée, à cent soixante mille exemplaires, pour la sauvegarde de "l’épouse terrorisée par le régime de rapt et de violence mis en honneur par nos aïeux simiesques". Il est probable, au contraire, que la femme — encore que sa pudeur l’oblige à mentir — déplore amèrement que l’homme soit si déchu des ancestrales qualités du singe. "Car rien n’est plus fécond en assauts que le singe", a dit notre Mardrus. Et si vous prenez la peine de considérer la cage des papions au Jardin des Plantes, vous conviendrez que c’est encore à notre aïeul quadrumane qu’il faut remonter pour retrouver, pures, les saines traditions de la vraie galanterie française."

(Alfred Jarry, La Revue Blanche, 15 mars 1901)

mercredi, 07 mars 2007

Petite anthologie portative 37

Pour Mauricette Beaussart
et Anne Archet

Un vieux et sa vieille cachés sous la terre
Main pourrie dans la main pourrie, bien au chaud dans la crasse
Se parlant à travers leurs lèvres disparues se comprenant sans mots
Écoutant le chant lent et grave de la terre qui se nourrit
Se demandant dans leur cœur
Si jamais ils mourront.

(Joyce Mansour, "Cris", 1953,
in Prose & poésie, Actes Sud, 1991, p. 313-314)

mardi, 06 mars 2007

Sale temps pour les immortels

On apprend que l'académicien Pierre Moinot vient d'aller rejoindre Henri Troyat.

Antisémitisme

Dans Libération, Claude Lanzmann taxe Raymond Barre d'antisémitisme. Péroraison : "Je l'accuse de se faire le héraut de cette passion immonde, de la propager, de s'en glorifier, délit qui tombe sous le coup de la loi."
Si je pense que monsieur Lanzmann nous emmerde — et la formulation dénote à l'évidence qu'il s'agit d'une simple potentialité épistémique —, suis-je un antisémite ?

À la manière de Du Fu

"Un jour d’automne, l’ermite Yuen m’envoie trente bottes d’échalotes..."

Un jour de mars, le bouquiniste d’Étrœungt m’envoie l’œuvre complète de Joyce Mansour. Le lendemain, la voiture jaune de la Poste s’arrête à ma porte : la factrice me remet le volume, soigneusement empaqueté.

"Le goût réchauffant de ce mets me fera sûrement du bien."

Le grand style 16

Ponge, à propos de l'orange, parle d'une "explosion sensationnelle [...] de saveurs, couleurs et parfums". Cela pourrait assez bien s'appliquer au style de Colette. Exemple relevé au hasard du dictionnaire : "La colère avait exprimé, de cette fillette surchauffée, une odeur de femme blonde, apparentée à la fleur de bugrane rose, au blé vert écrasé..." (Le Blé en herbe)

lundi, 05 mars 2007

Nécrologie

Henri Troyat est mort. À la radio, dans les journaux, éloges de Jean d'Ormesson, de Maurice Druon...
Laissons les immortels enterrer leurs morts.

"Tout quitter me peine, j'en ai le cœur gros"

Recension, dans Le Monde des livres en date du 1er mars, du dernier volume des Carnets de Louis Calaferte (Situation. Carnets XIII, 1991, Gallimard, "L'Arpenteur"). Il arrive donc quelquefois qu'on y parle aussi de littérature ?

dimanche, 04 mars 2007

Les plaisirs du dimanche 4

Il suffit d’un peu de soleil, de quelques cris d’enfants dans le jardin pour retrouver, fugitivement, le souvenir de très anciens dimanches, l’illusion du bonheur enfui, de l’innocence perdue. Il y a une qualité dominicale de la bêtise, marquée par le lyrisme et la niaiserie, qui se manifeste plus particulièrement à l'approche du printemps : on sourit aux familles qui déambulent dans la rue, poussant des poussettes ou remorquant des vieillards bien propres. On se sent plein d’indulgence pour ces automobilistes, fiers de leur break karchérisé le matin même à la station-service… Une brève promenade en voiture sur la départementale et l’on est dégrisé, persuadé, après avoir évité miraculeusement trois accidents en moins d’une heure, que ces gens-là sont moins dangereux enfermés dans leurs bureaux, leurs boutiques ou leurs ateliers. Vivement demain !