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mardi, 06 mars 2007

Antisémitisme

Dans Libération, Claude Lanzmann taxe Raymond Barre d'antisémitisme. Péroraison : "Je l'accuse de se faire le héraut de cette passion immonde, de la propager, de s'en glorifier, délit qui tombe sous le coup de la loi."
Si je pense que monsieur Lanzmann nous emmerde — et la formulation dénote à l'évidence qu'il s'agit d'une simple potentialité épistémique —, suis-je un antisémite ?

Commentaires

Les vieillards ont souvent des sursauts de sincérité comme ça, marre de réciter les litanies officielles, ils n'ont plus rien à y gagner. Peut-être aussi l'image de type rondouillard et lisse agaçait-elle Barre ?
Ça me fait penser à l'"aveu" tardif de Jean Guitton que Le Pen lui avait porté secours lorsque les étudiants gauchistes avaient menacé de le chasser à coups de pieds au cul de la Sorbonne après la guerre, sous le prétexte qu'il avait "collaboré".

Je trouve J.-C. Lanzmann un peu ingrat ; il oublie qu'il a prospéré en tant qu'écrivain et cinéaste dans une France gouvernée par un antisémite et un collaborateur notoire, François Mitterrand.

Écrit par : Lapinos | mercredi, 07 mars 2007

Les réacs d'extrême-droite ont parfois des sursauts de colère inexplicables dès qu'on touche à leurs préjugés. Etre en colère les rassure, leur assure une position d'où ils croient pouvoir juger avec originalité. Mais cette position n'est que la marque de leur isolement. Leur énervement n'étant au fond qu'un statisme, une absence de renouvellement.
Défendre les gâteux, voilà ce qui leur semble un combat à mener puis ils retournent grommeller sous un crucifix qui se moque bien d'eux.
Tout ça c'est de la salade de pommes de terre.

Écrit par : Re | mercredi, 07 mars 2007

Ne méprisons pas la salade de pommes de terre. L'important est d'y ajouter un peu de vin blanc lorsqu'elles sont encore tièdes. N'est-ce pas dans "La Règle du jeu", de Renoir, qu'on nous donne cette précision ?

Écrit par : C.C. | mercredi, 07 mars 2007

Lanzmann éructant des leçons de morale à Raymond Barre, c'est d'un drôle ... Le drôle en question s'est fait un fond de commerce inaliénable et intouchable avec sa "Shoah" (dans son langage, hélas repris comme allant de soi par tous les pisse-copies) : grand bien lui fasse. Pour ce qu'évoque Raymond Barre, il me revient un souvenir. Après l'attentat de la rue Copernic, une manifestation de protestation était organisée Place de l'Etoile (pardon : Place Charles de Gaulle). a l'époque, gentil et pensant bien, je me dis qu'il faut y aller. J'y vais. Peut-être avais-je mal choisi l'avenue pour m'appocher de l'Etoile : le fait est que j'y trouve une mer de drapeaux israëliens et de banderolles proclamant "Israël vaincra". C'est bon : je suis reparti. Je ne participe pas à Paris à un cortège derrière des drapeaux d'un pays étranger.
Je garde toute mon estime et ma considération à Raymond Barre.

Écrit par : M.F. | mercredi, 07 mars 2007

J'essayais juste d'expliquer le regain de sincérité de Barre - qui n'est tout de même pas encore gâteux ("Quand on veut tuer son chien…"). Mais c'est mal connaître les "réacs d'extrême-droite" de penser qu'ils peuvent avoir le réflexe de défendre Barre. Pour plusieurs raisons, notamment parce qu'après l'attentat de la rue Copernic, l'extrême-droite a été accusée par toute la presse de ce crime odieux et que ces accusations assez ignominieuse n'ont jamais été rétractées. Sur les liens étroits qui peuvent exister entre le pouvoir politique et les médias (Lanzmann est un homme de médias), le caractère de propagande que revêtent la plupart des films et documentaires télévisés, je ne crois pas être excessivement naïf.
Cette affaire Lanzmann-Barre, on pourrait la résumer à un règlement de compte entre ex-amis ; sans doute les prochaines élections ne sont-elles pas étrangères non plus à cette polémique oiseuse.

Écrit par : Lapinos | jeudi, 08 mars 2007

Prêt-à-penser, politiquement correct, poncifs et préjugés, c'est, en effet, une "polémique oiseuse"...
On crie au scandale, on en appelle à la justice. Plus d'exaltation, de passion, que de véritable réflexion : "Barre, nazi !" C'est un peu court.
On peut comprendre les exécrations et les anathèmes de Lanzmann — moins bien celles des inévitables suiveurs prêts à bêler avec la troupeau ; mais on peut aussi regretter les interrogations, l'intelligence inquiète d'un Primo Levi, qui ne se satisfaisait pas, lui, de condamnations sommaires et sans appel... (Voir : Primo Levi, "Conversations et entretiens", 10/18, 2000, passim)

Écrit par : C.C. | jeudi, 08 mars 2007

Je trouve au contraire que Lanzmann est assez "paradoxal". Il va en Allemagne après la guerre pour tourner son reportage, il décide de rencontrer des Allemands qui étaient enrôlés comme gardiens dans des camps, ceux-ci veulent faire valoir leur point de vue au fils de déporté, et là, Lanzmann refuse catégoriquement toute discussion sur ce sujet. Écouter ces gens, ce serait une façon de se montrer compréhensif à leur égard, ce n'est pas tolérable pour moi, dit-il en substance. Pourquoi dans ce cas aller en Allemagne et rencontrer ces types ?

Écrit par : Lapinos | vendredi, 09 mars 2007

COMMUNIQUE DE DIEUDONNE MBALA MBALA - 8 MARS 2007

Objet :

Dieudonné appelle Raymond Barre à la résistance groupée pour la liberté d’expression

Raymond Barre redevient une cible pour le lobby juif sioniste, après avoir évoqué Messieurs Gollnisch et Papon en des termes trop peu diabolisants, et pour avoir déclaré que "le lobby juif, pas seulement en ce qui [le] concerne, est capable de monter des opérations qui sont indignes".

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à lire également, si on a le coeur bien accroché et rien d'autre à foutre, l'interview intégral de Raymond Barre sur le site des ogres :
http://lesogres.info/article.php3?id_article=2990

Extrait

- Interlocuteur : Mais pourquoi « Français innocents » ?
- Raymond Barre : Mais oui parce c’était des Français qui circulaient dans la rue et qui se trouvent fauchés parce qu’on veut faire sauter une synagogue. Alors, ceux qui voulaient s’en prendre aux Juifs, ils auraient pu faire sauter la synagogue et les juifs. Mais pas du tout, ils font un attentat aveugle et y a 3 Français, non juifs, c’est une réalité, non juifs. Et cela ne veut pas dire que les Juifs, eux ne sont pas Français.

Écrit par : coco | vendredi, 09 mars 2007

Mitterrand aussi parlait de "lobby juif" ; le plus nuisible pour les Juifs, c'est cette idée, qu'ils contribuent parfois eux-mêmes à entretenir, que tous les Juifs partagent les mêmes idées sur tous les sujets, d'une homogénéité qui ne correspond pas à la réalité. Il y a des Juifs qui dénoncent le déclenchement de la guerre en Irak par des médias bêtement pro-israéliens, par exemple. Il y avait même des rabbins juifs au congrès organisé par le président iranien sur le thème de la choa.

Il serait préférable que ça soit des historiens qui "modèlent" les mentalités plutôt que la télévision comme c'est le cas désormais. Je suis relativement jeune et j'ai été frappé en regardant récemment le documentaire d'Ophüls, "Le Chagrin et la Pitié", un peu par sa prétention naïve à guérir le mal par le cinéma, mais frappé surtout par le relatif équilibre des points de vue présentés. Ophüls a une opinion, mais il présente aussi des opinions contraires. Désormais tout ça c'est fini, la plupart des documentaires historiques sont de véritables films de propagande dont l'esprit critique est complètement absent. Toutes ces polémiques pour évaluer le degré de racisme ou d'antisémitisme de tel ou tel paraissent complètement à côté de la plaque.

Écrit par : Lapinos | lundi, 12 mars 2007

Sur la diversité d'opinions des Juifs, et des Juifs de France en particulier, se rappeler la page du "Monde" achetée, il y a un an ou deux, par un groupe de personnalités (juives) dénonçant la confiscation de la parole par une minorité d'intellectuels prétendant s'exprimer au nom de toute une communauté — et donnant ainsi l'impression d'une pensée unique, marquée par un sionisme agressif et manichéen.
"Le Chagrin et la pitié", que j'ai vu au moment de sa sortie, dans les années 70, est un documentaire très fort, qui considère le spectateur comme un adulte raisonnable, capable de se forger sa propre opinion. Chose devenue rare aujourd'hui — je veux dire ce genre de film. Mais peut-être le spectateur adulte et raisonnable est-il, lui aussi, une espèce en voie de disparition !

Écrit par : C.C. | lundi, 12 mars 2007

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