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lundi, 29 avril 2013

Petite anthologie portative 73

LE MATIN

Le matin il y a le matin
C'est clair

(Vsevolod Nekrasov, trad. Léon Robel,
Action poétique
, n° 113-114, 1988, p. 178)

jeudi, 25 avril 2013

Tout vient à point qui peut attendre

M'arrivent cette semaine :
— le cadeau "de Noël" de mon plus jeune fils (un bel ouvrage consacré à la peinture d'Otto Dix) ;
— les vœux "de nouvel an" d'un vieil ami ;
— le dernier volume des Carnets de Calaferte (XVI, Le Jardin fermé - 1994), commandé début février au libraire local — on veut bien favoriser le "commerce de proximité", mais c'est tout de même un peu long, on en conviendra.
Ces ultimes notes, rédigées par Calaferte au cours des quatre derniers mois de sa vie, sont particulièrement poignantes. La souffrance, les affres de la maladie sont présentes à chaque page, mais aussi, toujours, la lucidité, les dégoûts ("l'imbécillité chez les grands hommes", "l'écœurante bêtise catholique"), les petits bonheurs ("l'enchantement d'une toile de Maurice Denis", un vol d'oiseaux, le regard d'un chien), la conscience aiguë du privilège et de la difficulté d'être...
"Mon esprit est si peu dans le réel que jamais je n'ai bien su ce que j'étais en train de vivre. Aussi, quelles que fussent les circonstances, je n'en profitai guère — et tout de ce passé m'apparaît aujourd'hui comme une inconsistance rêvée. — Nous sommes des fantômes."

mardi, 23 avril 2013

Visites aux paysans du Centre 2

Grosse ferme isolée des Combrailles, où nous venons prendre livraison de deux chevrettes. Vaste cour, cernée d'austères bâtiments de pierre. Trois colleys, à notre arrivée, donnent de la voix, interminablement. La fermière, opulente et affable, n'est pas pressée : nous allons bien "boire le café" ? Conversation à bâtons rompus, autour de la table recouverte de la traditionnelle toile cirée à motifs de fruits ou de fleurs. Un chat roux circule dans la cuisine. Le téléphone sonne : ce n'est rien — "ils rappelleront !" Le temps s'écoule doucement...
S'interrogeant sur la correction d'un mot qu'elle vient d'employer — toujours cette crainte paysanne "d'écorcher le français" —, notre hôtesse se souvient que sa fille, naguère, avait écrit dans une rédaction que son chien, s'en prenant à un autre animal, l'avait "attrapé par la courniole". Le maître en avait fait — c'est le cas de le dire — des gorges chaudes ! Sans doute ledit maître ignorait-il que le mot corniole se trouve dans le dictionnaire de La Curne de Sainte-Palaye, qui le glose d'après Oudin : la corniole, c'est le gavion.

samedi, 20 avril 2013

Solderies, bouquins, hasards objectifs

Trouvé, dans un carton de bouquins voués à on ne sait quels autodafés, un bel exemplaire non coupé d'Une conquête, nouvelle de Maurice Fourré, "suivie de trois dessins et trois fragments de lettres inédits de l'auteur" — tiré à 450 exemplaires sur Ingres rose, aux éditions du Fourneau, 1984. Me transportant sur le site desdites éditions, j'y découvre que l'ouvrage figure dans la rubrique "livre de la semaine" (depuis septembre 2012, si l'on en croit la date de la note de présentation — sans doute s'agit-il de la semaine des trente jeudis). Peu après, feuilletant les Journaux de Queneau, je tombe précisément sur les premières pages du journal de l'année 1949, où il est question de Fourré.
Acheté en solderie, il y a quelques jours et pour quelques euros, un lot de livres de chez Albin Michel, parmi lesquels deux titres d'André Bay (Amor et Trois histoires très naturelles). Je n'avais jamais entendu parler d'André Bay auparavant (vague cousin, me semble-t-il, de Maurice Pons ou Pierre Véry), et voilà que je le retrouve, lui aussi chez Queneau... en compagnie de Michel Mohrt — dont il était question, hier ou avant-hier, dans la presse, à propos de l'élection de Dominique Bona, qui occupera son fauteuil à l'Académie française.
La place du Mohrt, en somme.

jeudi, 18 avril 2013

Après le temps des cerises...

... le temps des noyaux ?

mercredi, 17 avril 2013

Mère des gens sans inquiétude 4

Journal de Queneau : "Travaillé toute la journée encore [...] Ce travail (libération d'affectés spéciaux) m'amusait ; la bêtise des types est étrange. J'ai perdu toute ma sympathie pour la vulgarité. J'ai dit : des types ; naturellement : de certains types. Je ne juge pas ; je ne devrais pas juger. Mais je me demande ce qu'ils méritent." ("Journal de guerre, 1939-1940", 13/12/39, in Journaux - 1914-1965, Gallimard, 1996)

Pour ma part, j'ai cru un moment que "ceux qui n'ont pas lu La Princesse de Clèves" pouvaient être attachants. Je pense encore que certains peuvent l'être. Mais toute généralisation serait bien naïve : la plupart, qui se glorifient de leur ignarerie, sont de redoutables crétins. Il y a, à ce sujet, une anecdote édifiante dans les Papiers collés de Georges Perros, qui rapporte une humiliante confrontation de l'auteur à la stupidité agressive de deux marins pêcheurs avinés (Papiers collés, volume 1, Gallimard, "L'Imaginaire", 2004, p. 118-119).
On se lasse beaucoup plus vite de la sottise que de l'intelligence.

dimanche, 07 avril 2013

Cul-de-sac

Bocage bourbonnais, hier après-midi. Nous roulons sous un ciel bas et gris. Routes étroites, où l'on se croise à peine, petits villages, vieux manoirs acagnardés parmi les arbres, pâtis,

Moutons cornuz, vaches et veaulx petitz
En leurs parcz cloz serrez.

Dans un bourg, nous nous enquérons de la direction de Meillard — que n'indique aucun panneau — auprès d'un couple de retraités chenus, retour de quelque promenade hygiénique — bâtons, bonnets, brodequins. La dame est catégorique : "Meillard ? On n'y va pas."
Un bref instant, l'aile de la panique m'effleure : serions-noms tombés dans un cul-de-sac spatio-temporel ?