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jeudi, 21 février 2013

Papiers journaux

Journal de Maxime Alexandre. Il y est question de rêves, de pêche au brochet, du vol des hirondelles et de poésie...
Le 6 janvier 1966 : "Je me sens banni d'un monde qui prend Brassens pour un poète !"
Nous sommes aujourd'hui, hélas ! tombés beaucoup plus bas.

Journal d'un paysan du Danube de Vintila Horia. 9 novembre 1965 : "Notre temps individuel possède un accélérateur capricieux, ou du moins qui apparaît comme tel à nos insuffisances, qui nous fait dévaler les distances les plus longues en secondes vertigineuses ou qui, oublieux de notre existence, nous abandonne aux lenteurs de l'ennui. C'est ainsi que les années passent plus vite que les jours."

Un miroir en miettes. Journal sans date III de Gilbert Cesbron. Une somme de péremptoires platitudes, de truismes, de faux aphorismes. Pas grand-chose à sauver là-dedans, sinon l'épitaphe du cardinal de Portocarrero — retranscrite d'ailleurs avec une coquille :

HIC JACET
PULVIS
CINIS
ET NIHIL

jeudi, 14 février 2013

Saint-Valentin

"Prenez cardamome, poivre long, galange, gingembre, et cubebes de chacun deux dracmes, safran demie dracme, canelle deux onces, pulverisez le tout subtilement en forme de menue espice, faictes en sauce pour en user avec vos viandes, mesmement pour apprester lesdictes viandes en façon de pastisserie. Le ris trempé et cuit en laict de brebis, de chevre, ou de vache. Ceste poudre espandue par dessus les viandes est fort profitable, et incite beaucoup à Venus. Devisez avec vostre femme des choses amoureuses, joyeuses, et qui inçitent au plaisir venerien, mesmement maniez luy les tetins et traittez les parties secrettes. Beuvez de fort bon vin doux à l'entree de voz repas qui soit trempé de fort peu d'eau, et au second voirre de vin genereux non si trempé..."

(Jean Liébault, Thresor des remedes secrets
pour les maladies des femmes
, 1585)

mercredi, 13 février 2013

Petite anthologie portative 72

Brûlis de l'hiver
en friche m'ont consumée :
las, si seulement
de ces cendres-là germait
l'espoir d'un autre printemps !

(Ise, in Songe d'une nuit de printemps.
Poèmes d'amour des dames de Heian
, Picquier, 1998)

dimanche, 10 février 2013

... s'en va-t-en guerre

"Je pars en guerre et je tuerai tout le monde. Gare à qui ne marchera pas droit. Ji lon mets dans ma poche avec torsion du nez et des dents et extraction de la langue." (Ubu Roi, III, 8)
Toute ressemblance, etc.

mardi, 05 février 2013

Solderies, brocantes et bouquineries

"Je ne suis pas du genre maniaque, avoue Jack Taylor, le héros de Ken Bruen, dans Toxic Blues : aucun besoin de ranger mes bouquins par ordre alphabétique ou de les aligner par format. Non, ce qui me plaît, c'est le mélange. Faire côtoyer Paul Theroux et St. Vida. Ça, c'est du vice... Ou Pelecanos avec Jim Thompson, Flann O'Brien avec Thomas Merton. Au cours des six derniers mois, j'avais lu La Maison des feuilles de Danielewski, Une œuvre déchirante d'un génie renversant de Dave Eggers, et découvert David Peace. À portée de main, les poèmes d'Anne Sexton : To Bedlam and Partways Back. Encore un écrivain dont le suicide et l'esprit troublé projetaient des ombres dans lesquelles je me reconnaissais." (Ken Bruen, Toxic Blues, Folio Policier n° 465, 2007)
Encore que j'hésiterais à avouer moi-même me reconnaître dans le personnage du privé — "marginal à sa façon, le nez dans la poudre et la Guinness" —, je partage au moins avec lui cette boulimie de lecture et cet éclectisme de goûts qui me pousse à l'achat compulsif de toute une bouquinaille hétéroclite — volumes dépareillés, dépenaillés, invendus et invendables, à l'état neuf parfois, doublons, titres déjà lus, qu'on a prêtés, perdus... Tout cela s'érige un peu partout en piles vacillantes, où l'on pioche au hasard, à la veillée, les soirs de grande fatigue.

Achats de la semaine :
Jean Galtier-Boissière, Mémoires d'un Parisien, tome 1, La Table Ronde, 1961.
Gilbert Cesbron, Un miroir en miettes — "Journal sans date", vol. 3, Robert Laffont, 1973.
André Chénier, Poésies — précédées de "Chénier", écrit à Fresnes par Robert Brasillach, Livre Club du Libraire, 1957.
Gustave Flaubert, Salammbô, Librairie Arthème Fayard, "Le Livre de demain", 1937. Belle et sobre reliure de cuir rouge, inattendue pour un ouvrage de cette collection très populaire.
Feng Hua, Seul demeure son parfum, Éditions Philippe Picquier, 2009.
Ira Ishida, Ikebukuro - West Gate Park II, id.
Saikaku, Chroniques galantes de prospérité et de décadence, id., 2006.
Shuichi Yoshida, Park Life, id., 2007.
*** Songe d'une nuit de printemps. Poèmes d'amour des dames de Heian, id., 1998.
Fabien Cluzel, L'Église catholique. Des origines à nos jours, Privat, 2005.
Pierre Brunel - Aeneas Bastian, Sisyphe, Éditions du Rocher, 2004.
John Tytell, Ezra Pound. Le volcan solitaire, id., 2002.
Paolo Gangemi, Salades de mathématiques et autres gourmandises numériques, First Éditions, 2010.
Ingeborg Bachmann, Trois sentiers vers le lac, Babel, 2006.
Michel Butor, La Modification,Éditions de Minuit, 1957.
Patrick Modiano, Rue des boutiques obscures, France-Loisirs, 1979.
Roald Dahl, James and the Giant Peach, Bantam Books, 1980. Illustrations de Nancy Eckholm Burkert.
Jacques Monod, Le Hasard et la Nécessité, Éditions du Seuil, 1971.
Brillat-Savarin, Physiologie du goût — suivie de La Gastronomie, poème en quatre chants de J. Berchoux, Le Grand Livre du Mois, 1997.

Je dois à Ken Bruen d'avoir découvert Anne Sexton, dont la mort appelle le rapprochement avec Sylvia Plath — et dont aucun recueil, apparemment, n'a été traduit en français...

And death looks on with a casual eye
and scratches his anus.