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jeudi, 05 janvier 2006

Diem perdidi

Encore une de ces journées "bien gâchées", au bout desquelles on a le sentiment de n'avoir rien fait, parce que, justement, on a dû s'acquitter d'une foule de tâches dérisoires et fastidieuses. Parce que, dès le matin, un visiteur importun vous a entretenu pendant une heure de fariboles sans intérêt en buvant votre chardonnay ; parce que vous avez découvert une fuite d'eau dans la buanderie et qu'il a fallu appeler le plombier ; parce que ledit plombier est passé à l'heure de la sieste, et qu'il n'a pas refusé le café qu'on lui offrait par pure politesse ; parce qu'on s'aperçoit, au moment de se mettre à table, qu'il ne reste plus de pain, ou qu'on vous téléphone pendant le dîner...
J'aurai tout de même trouvé le temps de lire quelques nouvelles de John Harvey — Now's the time — et de réécouter la musique funèbre maçonnique de Mozart, cette "Maurerische Trauermusik" (K 477) que Jacques A. Bertrand évoque avec émotion dans Le Pas du loup (Julliard, 1995). Un écrivain rare, un beau texte, que j'ai eu envie de feuilleter de nouveau. Finalement, je ne l'ai peut-être pas perdue complètement, cette journée...
Tiens, il est plus de minuit : nous sommes déjà demain ! 

lundi, 02 janvier 2006

Grande rhétorique

Le millésime a changé, les jours s'en vont, la connerie demeure ; les brillants orateurs qui nous dirigent, ignorant toute trève, continuent à nous pisser aux oreilles à qui mieux mieux.

Entendu aujourd'hui à la radio, ceci, de M. Copé — je crois :
"Nous avons toujours dit qu'un état d'urgence c'était un état... d'urgence."

On veut bien admettre, avec Dupriez, qu'il y a "une vérité de la tautologie qui est victoire de l'existence sur les essences" ou que "presque toutes les tautologies s'accompagnent d'une diaphore plus ou moins marquée qui les justifie" (Gradus, 10/18, p. 446-447), on n'en a pas moins le sentiment, en entendant ce genre de propos que le flatus vocis se substitue dans tous les domaines à l'analyse, au raisonnement, à l'argumentation. Ce qui pourrait n'être que verbigération inepte ou sottise jaculatoire est, en fait, moins risible qu'inquiétant, comme le notait déjà Barthes dans son "Racine est Racine" : "... la tautologie est toujours agressive : elle signifie une rupture agressive entre l'intelligence et son objet, la menace arrogante d'un ordre où l'on ne penserait pas. Nos tautologues sont comme des maîtres qui rirent brusquement sur la laisse du chien : il ne faut pas que la pensée prenne trop de champ..." (Mythologies, Points/Seuil, 1970, p. 90)