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jeudi, 19 avril 2018

The stuff that dreams are made of

J'ai déjà dit, ici — et à plusieurs reprises, je crois —, le peu de goût que j'avais pour les récits de rêves, qu'il s'agisse de ceux des autres ou des miens propres. Ceux-là ne m'intéressent pas, ceux-ci ressortissent à l'intime et — dans un cas comme dans l'autre — leur dévoilement a quelque chose d'obscène, de trouble et de troublant dans sa dimension chimérique, cet assemblage irrationnel d'images familières, de réminiscences floues, d'obsessions tapies aux limites de la conscience, de vieilles hantises jamais confessées.
Je ne comprends pas que le mot rêve se soit, dans l'usage commun, chargé à ce point de sèmes euphoriques — "voyage de rêve", "séjour de rêve" — et de connotations l'associant à l'inaccessible, à un idéal médiocre marqué au coin du kitsch, à une certaine idée du bonheur, frivole et passablement stupide.
Tous mes rêves — j'entends : nocturnes —, que j'ai du mal à me remémorer tant ils se dissipent vite au réveil, me laissent, faute d'images précises, une impression de malaise, quelque chose qui échappe aux mots, à l'exorcisme du langage ; quelque chose de poisseux, d'obscur ; quelque chose qui tient du remords et de l'effroi. Mes rêves sont pleins, comme les songeries éveillées de Du Perron, de "morts qui nagent et qui volent", grouillent de fantômes hostiles ; rêves sans couleurs et sans joie, où l'on erre, jusqu'au réveil salvateur, au long d'interminables couloirs pénombreux, dans des pièces glaciales et des cours boueuses, à la recherche d'on ne sait quoi, d'on ne sait quelle clef à jamais perdue, prémonition d'une terrifiante éternité...

mercredi, 11 avril 2018

Salamis de Milan, bégonias de Nasbinals, solderies bourbonnaises

Le regretté Pierre Autin-Grenier, lorsqu'il "s'interrogeait trop fort sur le sens de l’existence" et "n'avait nul salami de Milan à se mettre sous la dent", sautait dans son automobile et "fonçait comme un fou vers Nasbinals", où la vue des bégonias de madame Souchon lui redonnait le goût de vivre.
Pour ce qui me concerne, je ne trouve rien de particulièrement rassérénant à trancher du salami en "minuscules rondelles" tout un après-midi ; Nasbinals est au bout du monde — plus loin encore que Taphaleschas —, les bégonias ne sont pas encore en fleurs et madame Souchon, la charcutière, est morte, probablement, comme le pauvre Autin-Grenier.
Alors, lorsque le temps est maussade, cafardeux, mon remède à la mélancolie, c'est la visite des solderies, ces hangars bordéleux où l'on trouve mille objets de première inutilité, genre vistemboirs ou brimborions, pacotille, "articles de décoration" d'une hideur compliquée, produits d'hygiène, denrées alimentaires plus ou moins exotiques, vêtements pour nains ou géants — mais aussi, au hasard des arrivages, livres ou disques à prix dérisoires, bières ou vins méconnus qui réservent souvent d'agréables surprises.
Je reviens aujourd'hui avec un bel ouvrage consacré à Vallotton, un CD de Didier Squiban et quelques bouteilles de bières scandinaves — porter ("le porter, cette bière noire qui sent le jus de réglisse dépouillé de sucre") et pale-ale — tout à fait remarquables.
Arrivé à la maison, il se confirme que, comme je le pressentais, j'avais déjà le Vallotton...