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mercredi, 06 novembre 2013

Solderies, bouquins, hasards objectifs 2

CL.jpgIl y a huit ans, jour pour jour, je consacrais une note au recueil de photographies de Denis Proteor, Parts pour l'âme chaudron. Même s'il est peut-être exagéré de voir un hasard objectif dans ce qui est à peine une coïncidence, je suis tout de même vaguement troublé d'avoir découvert hier, dans ma solderie attitrée, un lourd et luxueux volume qui appelle à peu près le même commentaire, suscite le même dégoût, mêlé de fascination morbide.
Ce Toxytt, de Cheyco Leidmann (La Martinière, 2008) — quelque 300 pages de photomontages — est aussi nauséeux que les pires divagations pornographiques d'Hubert Selby ou Guyotat, étalage d'une sorte de kitsch macabre, grandguignolesque et  flamboyant, associant en oxymores visuels, lividités et fluorescences hideuses, isotopies de la crasse, de la pourriture, du sexe, de la mutilation et de la mort, sur fond de friches urbaines post-apocalyptiques... Cela se vend au cinquième du prix marqué. Si l'on est auvergnat — même par inadvertance —, on n'hésite pas.
Acheté également, beaucoup moins fangeux, plutôt rafraîchissant même, en dépit de la faune observée, Métro, de Leïla Sebbar (Éditions du Rocher, 2007), "instantanés", croquis et scénettes, pris sur le motif, au gré des hasards quotidiens de la "Babel souterraine". C'est malicieux, ironique ou touchant.
Reçu encore, ce matin, un colis de livres (le facteur klaxonne dans sa camionnette jaune, je chausse précipitamment mes sabots) : le lot mensuel de polars, pour l'heure somnolente de la sieste, du coucher ou les moments d'insomnie — auquel j'ai ajouté L'Air du pays, de Kléber Haedens (Albin Michel, 1963, rééd. 1986). Je le feuillette déjà et je sais que je regretterai demain de l'avoir trop vite lu — heureux tout de même d'avoir croisé au détour des pages quelques fantômes très chers et goûté plus d'un bonheur d'écriture. Un sens de la formule jubilatoire : "Il se peut que Delteil soit de ceux qui apportent au banquet une poignée de cerises rouges." Tout est dit, mieux qu'en de longues divagations critiques, soporifiques et jargonnantes.

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