dimanche, 22 septembre 2013
Sologne bourbonnaise 2
Premier jour de l'automne. Un beau dimanche, dont nous profitons pour une brève escapade en Sologne bourbonnaise. Le fermier a fauché l'ouche de notre petite "locaterie". Pommiers et poiriers croulent sous les fruits, dont beaucoup pourrissent déjà dans l'herbe, attirant tout un peuple de guêpes, de frelons, de fourmis. Le silence règne, nous pique-niquons à l'ombre des bouleaux, nous lavons "les mains et les yeux de belle eaue fraische", tirée du vieux puits. Après que nous serons partis, les fantômes de l'enfance reprendront possession des lieux, la poussière des jours retombera sur les jougs vermoulus, le tarare démantibulé, les harnais, les cordes de chanvre et les lourdes chaînes rouillées, souvenirs d'archaïques labeurs...
23:36 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Un dimanche de lavis, en quelque sorte.
Écrit par : le moine bleu | mardi, 24 septembre 2013
Ou en demi-teinte. Ne pas oublier que le "Dimanche à la campagne" de Tavernier est une adaptation de "Monsieur Ladmiral va bientôt mourir"...
Écrit par : C.C. | mardi, 24 septembre 2013
En cherchant le mot « ouche », j'ai lu ce que le Dictionnaire du monde rural dit aussi du mot « oucheron » : « En Sologne, petite pièce de terre proche de la ferme et entourée de haies ».
Une vraie bible ce dictionnaire de M. Lachiver. Je ne l'ai jamais rangé.
Merci pour ce texte simple et beau comme vous savez les écrire.
C.L.
Écrit par : Christiane Loubier | jeudi, 26 septembre 2013
En retrouvant mon "pays de vache", je retrouve spontanément les mots du terroir — et même l'accent et les tournures du cru. S'il est vrai que beaucoup de termes recueillis par Marcel Lachiver ont disparu avec les réalités qu'ils désignaient, certains ne sont pas encore sortis de l'usage. C'est le cas, du moins dans ma commune d'origine, aux confins du Bourbonnais, du Charolais et du Morvan, de cette "ouche", " Terrain voisin de la maison et planté d'arbres fruitiers", selon Littré. Je n'ai jamais entendu désigner autrement ce clos jouxtant les petites fermes, à la fois verger, jardin ou pré à chèvres, que les nouveaux occupants, citadins ou envahisseurs pérégrins en quête de tranquillité bucolique, convertissent en espace gazonné où l'on plante le barbecue en été. Il est probable que le mot (« vieux mot françois », déjà, pour Furetière) finira par tomber dans l'oubli, comme tant d'autres, avec la chèvre des fossés et les poires d'estranguillon !
Écrit par : C.C. | vendredi, 27 septembre 2013
Très beau ! Cela m'a rappelé le mot cortillage utilisé par ma grand-mère (peut-être issu de l'anglais courtyard)
Écrit par : Lucien Suel | mercredi, 30 octobre 2013
"Cortillage" se trouve dans La Curne de Sainte-Palaye, avec le double sens de "jardin" et "produits du jardin" : " à savoir toute manière de porées, pois noviauz, feves novelles en cosse vert".
Littré donne "courtillage". Le mot est apparemment un dérivé de "courtil", "petit jardin attenant à une maison de paysan", toujours selon Littré, qui donne comme étymon le bas-latin "curtile".
Amicalement.
Écrit par : C.C. | jeudi, 31 octobre 2013
Lachiver atteste également « courtillon » et « courtillet » au sens de petit coutil (jardinet) et « courtillier » au sens de « jardinier ».
Alors le livre de L. Suel aurait pu s'intituler « Mort d'un courtillier ».
Passionnant, ces mots des « pays de vaches ».
C.L.
Écrit par : Christiane Loubier | jeudi, 07 novembre 2013
Jean Hus, dans le "Moyen de parvenir", se demande d'où vient que "l’on a fait signifier même chose à deux contraires".
On peut aussi s'étonner du cas inverse. La courtilière (gryllotalpa gryllotalpa ou gryllotalpa vulgaris), également nommée "jardinière" dans certaines régions, est considérée comme un redoutable nuisible. Le carabe doré (carabus auratus), que l'on appelle aussi "jardinière", est en revanche jugé fort utile...
Voilà bien une de ces étrangetés grammairiennes qui sont à l'origine de "la pluspart des occasions des troubles du monde" !
Écrit par : C.C. | samedi, 09 novembre 2013
Les commentaires sont fermés.