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samedi, 31 mars 2012

A small, good thing 7

De Barry Gifford, Les Carnets intimes de Francis Reeves.
Le titre original — Landscape with traveller — fait référence à ces "paysages japonais et chinois, tels ceux reproduits dans La Peinture zen, d'Awakawa — surtout ceux où de minuscules voyageurs solitaires, à peine discernables, gravissent un sentier de montagne ou traversent une fragile passerelle". Le narrateur, homosexuel vieillissant, est l'un de ces "voyageurs solitaires" qui porte sur le monde un regard tour à tour curieux et désabusé, passant tout naturellement de l'anecdote scabreuse (scène d'amour vache associant bestialité et scatologie) aux considérations mélancoliques. "En règle générale, je m'intéresse fort peu à ce qui se passe dans le monde, et je n'intéresse certainement que très peu de gens, en dehors de moi-même [...] J'ai peine à croire que quelqu'un m'aime, ou simplement dise qu'il m'aime [...] Non que je me considère vraiment comme indigne d'être aimé, mais à notre époque, il est difficile de croire que quiconque se donne la peine de s'arrêter afin de considérer une autre personne assez longtemps pour l'aimer."
Il y a de ces livres, qu'on aimerait avoir écrits...

Le grand style 20

"Le O, le simple O placarde de la pensée, l'éponge de tendons de muscles en position d'état d'esprit dans son seau, les déplacements des positions sensitives impressionnantes, la pensée est sentie par la sensibilité d'un muscle sensible au mouvement, elle a dû faire bouger un organe parce qu'il l'a ressenti. Je ramène les muscles en direction du continent par le bateau."

(Christophe Tarkos, "Oui" in Écrits poétiques, P.O.L., 2008)

jeudi, 22 mars 2012

Incipit 8

"Je ne sache pas qu'il y ait un sens à la vie. Le mieux qu'on puisse faire, c'est de passer avec nos semblables le temps qui nous est départi parmi les choses qu'on a touchées, les bonnes, de préférence." (Pierre Bergounioux, La Casse, Fata Morgana, 1994)

jeudi, 15 mars 2012

Pâté aux pommes de terre

Je reprends, avec le huitième volume — "Trajectoires" —, la lecture des Carnets de Calaferte. À côté des notes consacrées à son travail d'écriture, à ses pannes d'inspiration qui suscitent marinades "angoissielles" (terme qu'il semble affectionner particulièrement) et ruminations moroses, beaucoup de mysticisme, d'onirocritie, de considérations horoscopiques... On est content, tout de même, de retrouver, au détour d'une page, le Calaferte qu'on aime, poète façon Ferré, attentif aux fleurs et au regard des chiens, prompt aussi à cracher son indignation devant la sottise ou la cruauté ordinaire, à dégonfler les baudruches, à vitupérer Hugo ou Claudel.
À l'occasion d'un passage à Vichy, éloge mitigé — et inattendu — du pâté aux pommes de terre bourbonnais, "spécialité locale [...] touchante par sa simplicité", qu'il définit comme "une tourte contenant une espèce de gratin dauphinois qui [...] manque de saveur et, surtout, de légèreté". Certes, le pâté aux pommes de terre (qu'on connaît aussi dans la Creuse et le Berry), généreusement enrichi de crème fraîche, n'est pas particulièrement conseillé aux appétits d'oiseaux ou aux estomacs fragiles, mais, sous sa croûte dorée à point, relevé de ciboulette ou de cerfeuil, ce régal de pauvre peut être savoureux.

vendredi, 09 mars 2012

Bibi

Beau matin froid. Le soleil s'évertue de bonne heure sur les prés poudrés de gelée blanche. La passante matineuse porte aujourd'hui un élégant trois-quarts tête de nègre et un coquet bibi purpurin. Pour l'allitération.