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vendredi, 27 novembre 2009

Animelles et tripous

Je découvre avec effarement que, depuis des années, je fais mes délices de nourritures que le Français civilisé (id est, naturellement, le Parisien) considère comme répugnantes. Du moins si j'en crois une journaleuse du Nouvel Observateur, qui consacre, dans les pages "Air du temps" du "grand hebdomadaire de gauche", un articulet à ce qu'elle appelle élégamment "la bouffe dégueu" — appellation qui, pour la dame, recouvre pêle-mêle les tripes, les cuisses de grenouilles, les choux de Bruxelles, aussi bien que les "couilles d'agneau", la queue de bœuf ou le gratin dauphinois au "fromage qui pue". Je suis tout de même réconforté d'apprendre que ces viandes rustiques sont désormais — mais pour combien de temps ? — très "tendance" ; qu'il y a "un petit côté transgressif assez jouissif à remettre ces produits au goût du jour". Finalement, le snobisme imbécile du propos est intéressant en ceci qu'il manifeste un renversement assez logique des valeurs gustatives et culinaires : aujourd'hui qu'il est devenu banal de passer ses vacances aux antipodes, les spécialités du Rouergue ou du Bugey sont, pour le palais du citadin, aussi exotiques que l'achacana ou le "biblimbing de Java" pour les contemporains d'Alexandre Dumas. Lequel savait écrire, préfère parler d'animelles plutôt que de "couilles d'agneau" et n'aurait pas confondu, en légendant la photo qui illustre l'article, tripes et tripous.

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