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samedi, 27 juin 2009

Sic transit 5

Lille. Sur l'éventaire d'un bouquiniste de la Vieille Bourse, une pile de romans publiés aux éditions de la Nouvelle Revue française autour de 1925. Beaux volumes à peine jaunis : le papier a mieux résisté au temps que l'improbable succès d'auteurs dont les noms semblent empruntés à une liste façon Modiano : Guy Velleroy, Jean Goudal, Bernard Barbey, Henri Deberly, Jacques Massoulier, Jacques Boulenger, Lucien Fabre, Émile Zavie, Jean Fayard, Pierre Humbourg... Cela sonne comme un dénombrement obituaire.

dimanche, 14 juin 2009

"Et requievit die septimo"

Toute la semaine, travaux rustiques et domestiques : tondre et tailler, repeindre les bancs de jardin dont le vert s'écaille et tourne au grisâtre, curer les regards où se sont accumulés, au fil du temps et des pluies, des sédiments humiques, une bourbe noire au remugle fade, dans laquelle grouillent faiblement quelques lombrics blafards...
Le dimanche, déjeuner dans la vallée de la Sioule — tête de veau et friture. Il règne, dans la salle bondée, une chaleur étouffante. Au-dehors, l'orage menace et l'on a du mal à trouver un peu de fraîcheur sous le tilleul de la place ou dans l'église minuscule. De l'autre côté de la rivière, on aperçoit, à mi-hauteur de la paroi rocheuse verticale et boisée, inaccessible dans sa niche de pierre, une vierge toute blanche.

mercredi, 10 juin 2009

Petite anthologie portative 52

NÉNIES POUR L'AMOUR

Dans ce con poilu
sur le mur de la vespasienne
qui pourrait retrouver
les chansons et les larmes
les orages du plaisir
et les mille et une nuits
au cours desquelles le genre humain
telle une phosphorescence de la mer
se consuma
se conserva
s'oublia

De ceux qui furent engendrés
de ceux qui ne l'ont pas été
rien ne témoigne ici
que ce con poilu
graffiti
sur le mur calciné de la vespasienne

Hans Magnus Enzensberger ("Écriture Braille" in Mausolée précédé de Défense des loups et autres poésies, trad. Maurice Regnaut et Roger Pillaudin, Poésie/Gallimard, 2007)

mercredi, 03 juin 2009

Égotisme et flatulences

Parcouru cette semaine, sans enthousiasme, les Journaux de Stephen Spender, dont je n'avais à peu près rien lu, à l'exception d'un mince recueil de poèmes, acheté en solde dans une collection bilingue et rapidement oublié. L'homme, tout occupé de soi et apparemment  friand de mondanités, m'est assez vite antipathique. Il note laconiquement la mort de Faulkner, mais consacre tout un paragraphe à un pet lâché en sortant du concert ou aux coliques qui le saisissent au moment de prononcer une conférence.