vendredi, 02 janvier 2009
L'Étoile du diable
J'ai déjà eu l'occasion, dans une précédente note, de dire tout le bien que je pensais des romans de Jo Nesbø et l'agacement que suscite leur traduction trop évidemment défaillante. Que le norvégien soit une langue difficile, on veut bien l'admettre, mais ce n'est pas le problème du lecteur, qui est en droit d'attendre qu'on lui propose mieux qu'un texte trahissant le mot à mot, lorsqu'il ne tourne pas carrément au charabia. En outre, on ne voit pas l'intérêt de recourir à des anglicismes, qui appellent une glose, alors que le français dispose d'une expression équivalente. Pourquoi nous expliquer en quoi consiste le "postilioning" plutôt que d'utiliser la périphrase verbale "faire postillon", qu'on trouve par exemple dans le Dictionnaire érotique moderne d'Alfred Delvau (Bâle, Karl Schmidt, vers 1850) : "POSTILLON (Faire) : Introduire le doigt (ordinairement l'index) dans le derrière d'une femme ou d'un homme pendant l'acte vénérien, pour doubler la jouissance" ? Que, dans le polar de Nesbø, il s'agisse du majeur de la main gauche ne constitue pas une excuse.
23:10 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (11)
Commentaires
"Par ma foi! il y a plus de quarante ans que je fais postillon sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela..."
Écrit par : RPH | vendredi, 02 janvier 2009
C'est toujours une histoire de ... prose !
Écrit par : C.C. | samedi, 03 janvier 2009
Il y a aussi le "toucher rectal" qui est, c'est vrai, réservé aux spécialistes (quand les pros se tâtent)
L'année commence bien ici ! Mes meilleurs voeux quand même...
Écrit par : Martin Lothar | samedi, 03 janvier 2009
Je connaissais le polar noir, j'ignorais qu'il y en avait un marron aussi.
Écrit par : Lapinos | lundi, 05 janvier 2009
A force de pousser la roue Sollers, j'en oublie ma question : de quelle étoile votre auteur de polar norvégien parle-t-il en particulier ? Ras Algheti de la constellation d'Hercule ? Vega ?
Écrit par : Lapinos | samedi, 17 janvier 2009
Il s'agit en fait du pentagramme : "... c'est un vieux symbole religieux, et pas seulement dans la religion chrétienne. Comme vous le voyez, c'est une étoile à cinq branches dessinée d'un seul trait qui se coupe plusieurs fois, un peu comme l'étoile de David [...] On l'a retrouvé gravé dans des stèles vieilles de plusieurs milliers d'années. Mais quand il a la tête en bas, avec une pointe vers le bas et deux en l'air, c'est tout à fait différent. C'est alors l'un des symboles les plus importants de la démonologie." ("L'Étoile du diable", p. 225)
On notera que le "Dictionnaire des symboles" de Chevalier et Gheerbrant, qui traite du pentagramme comme symbole pythagoricien ou maçonnique, ignore cette dernière interprétation.
Écrit par : C.C. | samedi, 17 janvier 2009
Constantin, je t'engueule là : D'abord, aucun symbole n'est "vieux" (et toc !)
Certes "notre bon vieux Penta" date de la plus haute antiquité, mais ce n'est pas une raison pour le maltraiter et l'associer au "démon" ou au Coca cola.
C'est comme une certaine croix gommée hein ! ( et re toc)
Tout au plus, on pourrait le mettre dans la poche de "Lucifer" qui comme son nom l'indique n'aura fait que porter la lumière.
Mais c'est déjà pas mal (et malin) hein ?
Écrit par : Martin Lothar | samedi, 17 janvier 2009
"Monsieur, vous êtes agréable à tous nous autres, tant pour ce que vous êtes bel homme que, principalement, à cause qu’il n’y a ni rime ni raison à tout votre fait." (Béroalde de Verville, "Le Moyen de parvenir", chap. 38, "Arrêt")
Écrit par : C.C. | dimanche, 18 janvier 2009
Un symbole chrétien, le pentagramme ? Les chrétiens associent traditionnellement les étoiles à Dieu ou aux anges. Or le pentagone symbolise l'homme, la tête et les quatre membres écartés... d'ailleurs l'étoile de David est un hexagone fait de deux triangles. Les théologiens qui s'intéressent aux nombres citent le 1, le 2, le 3, le 6 bien sûr (saint Augustin), parfois même le 4 (Képler), mais pas le 5 à ma connaissance, ou alors j'aimerais bien qu'on m'indique lequel ?
Il y a des savants chrétiens ou de culture chrétienne qui sont pythagoriciens, ça c'est vrai, mais c'est très différent. Le prix Nobel Bertrand Russell, par exemple, a été attaqué par le sinistre manieur de tautologies Wittgenstein après avoir rédigé un bouquin où il disait avoir renoncé pour finir à Pythagore.
Il y a une très bonne raison historique pour que les chrétiens, et en particulier les catholiques ne soient pas 'pythagoriciens', c'est que la science chrétienne est fondée, du XII-XIIIe siècle juqu'au début du XVIIe siècle très largement sur Aristote pour qui Pythagore ou Thalès ne sont que des primitifs largement dépassés.
Après le XVIIe siècle la physique et la métaphysique se sont progressivement scindées. Il n'y a donc plus de 'science chrétienne' à proprement parler, et de nombreux papes se sont ridiculisés dans cette période en cautionnant ou ne cautionnant pas des arts et des sciences dont ils ne comprennaient pas le premier mot.
La science de Newton elle-même a beau être entrelardée de références mystico-religieuses, étant donné que ses références théologiques sont complètement burlesques, on ne peut pas le tenir pour un savant chrétien sérieux.
Dieu est surtout fait dans la science de Newton pour donner un peu de cohérence à celle-ci et que toutes les planètes ne s'agglomèrent pas au centre du monde sous l'effet de l'attraction.
Digression un peu longue mais qui justifie Copronyme de lire des romans avec un dictionnaire à portée de main pour rectifier les erreurs les plus grossières de leurs auteurs.
Écrit par : Lapinos | lundi, 19 janvier 2009
En effet, le "Dictionnaire des symboles" cité plus haut (articles "étoile" et "pentagramme") évoque bien la mystique chrétienne à travers Hildegarde de Bingen, mais c'est pour préciser que le nombre cinq renvoie chez elle à l'homme, à l'humain, au microcosme, correspondance traditionnelle que vous rappelez très justement. Dans le judaïsme, en revanche, si l'on en croit le même ouvrage, l'étoile à cinq branches serait un symbole messianique. De là, peut-être, la confusion que fait le personnage de Nesbø...
Écrit par : C.C. | lundi, 19 janvier 2009
La difficulté à mon sens vient du fait que les symboles du diable sont proches des symboles divins : 666, 'nombre d'homme' justement, comporte le 6 'divin' selon saint Augustin. Le roux ou l'orangé, couleur communément accolée au diable et à ses suppôts, est entre le rouge et l'or. Idem pour le pourpre et l'écarlate (des cardinaux et évêques), couleurs de la Bête, proches du rouge. Le bélier contre le bouc. Jusqu'à certains symboles ou incarnations, tel le lion, associé au diable comme aux saints.
Lucifer est d'ailleurs lui-même 'porteur de lumière', ce qui ne fait qu'augmenter le trouble quand on sait l'importance accordée à la lumière dans la théologie et la science... au moins depuis Akhénaton jusqu'à aujourd'hui.
C'est d'ailleurs précisément ce qui fait du catholicisme une religion apocalyptique et qu'elle n'interprète pas le combat entre le bien et le mal comme un combat à l'intérieur du 'moi freudien' de l'homme. L'apparence du diable est belle (souvent) et bien trompeuse ; pour parler comme un philosophe byzantin, on peut même la qualifier de 'phénoménologique'.
(J'espère ne pas attirer sur votre blogue par ce genre de commentaire, Copronyme, des suppôts déchaînés. Le diable ne supporte pas qu'on le démasque. N'hésitez donc pas à effacer ce commentaire le cas échéant.)
Écrit par : Lapinos | mardi, 20 janvier 2009
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