lundi, 03 novembre 2008
La chair est triste, hélas! et les livres aussi
Je ne connais guère l’œuvre de Charles Juliet, mais je le croyais de ces écrivains rares et discrets, peu enclins à succomber aux sirènes du succès commercial ; or je découvre aujourd’hui qu’il vient de publier un volume de phrases et textes relevés au cours de [ses] lectures. On voit mal l’intérêt littéraire de ce genre de chose — et que des auteurs comme Tournier aient pu, avant lui, se laisser aller à de semblables facilités ne me paraît pas constituer une excuse, pas plus que les méprisables fumisteries des faiseurs à la mode.
Lectures décevantes, ces derniers jours : Sloterdijk, Enzensberger… j’ai du mal à ne pas me laisser distraire au moindre prétexte. Le recours constant à l’eironeia et au paradoxe de l’un me fatigue autant que le philosophisme sentencieux de l’autre. Une heureuse surprise tout de même : la prose, merveilleusement intelligente — et comme marquée au coin du "style naturel" — de W.G. Sebald, découvert grâce à l’excellent blog de Danièle Momont.
Maigre butin, ce matin, à la solderie du coin : je me laisse tenter par un recueil d’articles d’Isidore Isou Contre l’Internationale situationniste, qui me tombera sans doute des mains après quelques pages. Dans les bacs, plusieurs exemplaires de La Littérature française au présent, de Dominique Viart et Bruno Vercier, qu’on peut emporter pour 3,95 euros pièce. Pour un euro de moins, on trouvait, quelques travées plus loin, un aimable cheverny 2007. Rapport qualité-prix beaucoup plus intéressant : je n’ai pas hésité très longtemps…
21:39 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Charles Juliet traîne sa dépression à Lyon depuis plus de vingt ans. Il fonctionne exclusivement sur ce que j'appelerai le mode de la répétition provinciale : refaire en pas et en phrases, sans cesse, des itinéraires prétendument intellectuels.
Bien à vous.
Écrit par : solko | lundi, 03 novembre 2008
C'est amusant que vous découvriez Sebald alors qu'à priori c'est un écrivain dont on aurait pu penser qu'il faisait partie de vos familiers.
Écrit par : P/Z | mardi, 04 novembre 2008
Le genre de lacune impardonnable grâce à quoi l'on peut encore éprouver le plaisir de la découverte — même si on se sent, après coup, un peu honteux de son ignorance !
Écrit par : C.C. | mardi, 04 novembre 2008
Lacune...ignorance...ce n'est pas du tout ce que je voulais dire...mais vos univers me semblaient tellement proches...
Bonne lecture
Écrit par : P/Z | mardi, 04 novembre 2008
Rassurez-vous, je n'ai pas du tout pris ombrage de votre remarque et je ne fais pas d'auto-flagellation ! Mais je me dis tout de même que j'aurais pu passer à côté de quelque chose d'assez exceptionnel dans la production littéraire actuelle, ce qui, toutes proportions gardées, bien sûr, suscite un sentiment mélangé — à la fois de malaise rétrospectif et de soulagement — comme lorsqu'on réalise qu'on a frôlé un accident stupide...
Écrit par : C.C. | mardi, 04 novembre 2008
Les textes de Juliet sont tellement chiants, qu'il n'a peut-être rien trouvé d'autre, pour accrocher deux trois lecteurs non subventionnés.
Écrit par : Ph. | mercredi, 05 novembre 2008
Juliet, il aurait du arrêter d'écrire quand il a commencé à être publié.
Écrit par : Talmont | jeudi, 06 novembre 2008
Je feuillette "Lueur après labour" (Journal III, 1968-1981) que je viens de retrouver. Beaucoup de choses insignifiantes — ce qui ne suffit pas à condamner un journal —, de platitudes, de phrases creuses, que leur tour aphoristique ne réussit pas à faire passer pour des pensées profondes, qui ont même l'air, parfois, de parfaites inepties. Au hasard : "Chaque être est fermé sur ses secrets", " C'est souvent le survol qui me conduit au centre"...
Et ceci, en mai 81, qui va vous le rendre un peu plus sympathique : "Chez Pierre et Régine, avec Henri et Germaine, pour fêter au champagne et dans les embrassades la victoire de Mitterrand."
Une autre fois, nous parlerons de Christian Bobin.
Écrit par : C.C. | jeudi, 06 novembre 2008
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