samedi, 06 mai 2006
"Gaudet in effossis habitare cuniculus antris"
À l’entrée de cette bourgade bourbonnaise, non loin de l’autoroute A 71, il y a un vaste rond-point gazonné que rien, pendant la journée, ne distingue des carrefours giratoires qu’on voit un peu partout. Mais, à la nuit tombée, tout un peuple de lapins, qui a établi là ses souterrains séjours, y broute, y trotte, y fait tous ses tours, indifférent au carrousel des automobiles et au fracas des poids-lourds. Tous ces lapins qui pullulent, vivent et meurent sur cet îlot de quelques mètres carrés, cernés par le béton et le bitume, ont un destin ballardien. Un littérateur pas trop maladroit en ferait un conte philosophique.
08:02 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
A travers les hublots, c'est à l'aéroport de Roissy qu'il m'est arrivé de voir des lapins par dizaines dans les espaces pelés entre les pistes où les avions vrombissent.
Comme leur cousin d'Après le déluge, et même en l'absence de sainfoin et de clochettes, ils doivent prier pour que se maintienne la civilisation du béton et du trafic, qui les met ainsi à l'abri des chasseurs.
Écrit par : Pierre Enckell | samedi, 06 mai 2006
Que signifie "ballardien" ?
Écrit par : Malcom | samedi, 06 mai 2006
Les ours ne vont pas tarder à comprendre, eux aussi, que la jungle urbaine est plus sûre que les réserves naturelles !
M. : "Ballardien" est forgé — un peu abusivement et dans un sens restrictif — sur le nom de J. G. Ballard, surtout connu pour être l'auteur de "Crash". En fait, je pensais à un texte de lui, que j'ai lu il y a bien longtemps, dans lequel un accidenté de la route doit survivre, comme sur une île déserte, dans une sorte de no man's land bétonné, en contrebas d'une autoroute Le titre ? Peut-être "L'Île de béton", mais je n'en suis pas sûr.
Écrit par : C.C. | samedi, 06 mai 2006
En dehors de ces espaces privilégiés, la lutte pour la vie est féroce. Selon le Journal du dimanche (7 mai, p. 9), "les anti-ours" ont "organisé une opération escargot". Toutes cornes dehors, sans doute. Face à cette sauvagerie, on comprend les lapins, qui bétonnent leur sécurité.
Écrit par : Pierre Enckell | dimanche, 07 mai 2006
Je confirme le titre du roman de JG Ballard.
Écrit par : L. Suel | lundi, 08 mai 2006
Merci pour cette confirmation bibliographique ! Je n'ai pas recherché mon "Île de béton", mais je la crois depuis longtemps engloutie...
Écrit par : C.C. | lundi, 08 mai 2006
Les commentaires sont fermés.