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lundi, 30 janvier 2006

Les beaux dimanches

"Oui, le peuple ! Mais il ne faudrait jamais voir sa gueule."

Il y a sans doute dans cette remarque de Jules Renard plus de lassitude que de mépris ; on est toutefois frappé par l'attitude constamment distante, condescendante, le regard cruel et ironique que l'auteur réserve à ses "frères farouches", l'incompréhension dont il fait preuve à leur endroit.

Peut-être faut-il, parfois, accepter de s'abêtir, ou du moins accepter l'assomption de notre propre vulgarité, jouir loyalement de notre consubstantielle sottise, dépouiller cette gravité asine dont parle Montaigne. En fait, je suis en train de m'inventer des excuses pour avoir hier consacré mon dimanche à la célébration de la "Saint-Vincent tournante" des Hautes Côtes de Nuits, pour m'être immergé sans scrupules dans cette convivialité bruyante. Marey-les-Fussey, Villers-la-Faye, Meuilley, Arcenant... On s'ébaubit devant les décorations : fleurs en papier, mannequins, pyramides de futailles ; on se presse dans les caveaux, on déguste divers crus — des rouges trop froids —, on échange de vagues commentaires pour jouer au connaisseur. Le soir, au retour, on dînera de charcuterie et de fromage sur une aire d'autoroute. Un beau dimanche. Le Pernand-Vergelesses blanc était excellent.

Commentaires

jouir loyalement de notre consubstantielle sottise

mais oui cher CC ! mais oui ! faut absolument !
sans en faire un "but dans l'existence" comme on dit , mais s'ôter les plaisirs sots (sic!) c'est ...bête !
et y a plus bête et plus sot qu'un bon Bourgogne blanc !

Écrit par : hozan kebo | lundi, 30 janvier 2006

Ah ! Jules Renard eût habité dans ma rue qu'après quelques mois d'hésitation, il n'eût point été impossible qu'on lui tagasse un "keskella ma gueule ?"

Écrit par : Le Charpentier | mardi, 31 janvier 2006

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