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dimanche, 08 janvier 2006

Le roi de la fève

Au calendrier, l'Épiphanie tombe désormais le premier dimanche suivant le jour de l'an. Cette célébration dominicale permet de sacrifier en famille au rituel de la galette des rois — peu importe la signification religieuse de la fête, pourvu que les pâtissiers fassent leur beurre !
On trouvera d'intéressantes précisions sur l'Épiphanie dans l'indispensable dictionnaire de théologie de l'abbé Bergier (Paris, Vivès, 1852, volume II, p. 242). Celui-ci nous rappelle que "dans les premiers siècles de l'Église, la fête de Noël et l'Épiphanie se célébraient le même jour, savoir le 6 de janvier". C'est l'Église d'Alexandrie qui, au début du Ve siècle, fixa la date de Noël au 25 décembre. On ignore si c'est à la demande des pâtissiers...

On pourra également, sur la coutume de la fève au gâteau, consulter le Palais des curieux, de Béroalde de Verville (Paris, Veuve Guillemot, 1612) :
"On sçait la coustume de France, et d’autres lieux, que la veille du jour de l’Épiphanie on se donne licence de se resjouir à boire, et commence-on dès la veille que l’on coupe le gasteau en plusieurs pièces. Estant coupé on met ces parts en un linge, et on faict parler un enfant, on luy dit "Febé", et il dit "Dominé", et un de la compagnie luy respond, disant "Pour qui?", et l’enfant dit "Pour Dieu", et celuy qui tire les parts la met en lieu certain pour la donner aux pauvres, après on continuë tant que les divisions soyent accomplies. En l’une de ces parties est une fève, et la part en laquelle elle est faict son possesseur roy. Si celuy qui couppe le gasteau descouvre la fève ou la couppe, il est roy ; si en la part à Dieu est la fève, le maistre ou maistresse de la maison aura le sceptre. Et quand le roy boit chaqu’un chante "Le roy boit": si quelqu’un y faict faute, il est amendé…"

"À cette feste doncques que nous nommons les Roys, on faict un gasteau auquel on cache une fève pour au hazard faire tomber ce royaume de gourmandise à celuy qui aura la feve, lequel seroit roy des crevez. Or cettuy-là est dit, proclamé et nommé roy, lequel n'estant rien est soudain eslevé au plus haut degré d'honneur, il devient grand en un moment, aussi il deschet soudain, il s'enfle comme une fève abreuvée, et puis il périt comme n'ayant point esté..."

 

(Objet XIV, "Des fèves qu'on met aux gasteaux de la feste des Roys", p. 90 sqq.)


Je suis bien déçu : le hasard, aujourd'hui, n'a pas voulu me sacrer "roi de la fève".

Commentaires

La tradition n'a donc guère changé. Sauf de donner la part de Dieu au pauvre qui est pourtant toujours là. Je parle pour moi, du moins, je n'y ai même pas pensé !

Écrit par : Lapinos | dimanche, 08 janvier 2006

Non seulement les pauvres sont toujours là, mais de plus en plus nombreux : gueux, bélîtres des temps modernes, S.D.F., clochards... On ne s'habitue jamais à leur présence, mais on finit par ne plus les voir. Pour Pinketts, c'est à cause de la barbe, qui les enferme dans leur négativité : "Eh oui, c'est quoi un clochard, maman ? Une succession de "pas". Un homme qui ne travaille pas et qui ne se lave pas. Qui n'a pas de maison. Qui ne respecte pas les règles communes. Un clochard ne se rase pas, voilà pourquoi sa barbe est très longue. Il continue de ne pas se raser et sa barbe l'envahit peu à peu comme une couverture de fumée, un plaid de brouillard qui le cache, un cobra qui l'étreint. Lorsque le clochard est complètement enveloppé par sa barbe, personne ne le voit plus. La barbe, raison pour laquelle les gens ne remarquent pas les clochards et passent leur chemin en accélérant légèrement l'allure. Ce n'est pas de l'indifférence. Ce n'est pas du mépris. C'est juste qu'ils ne les voient pas..."
("Le Vice de l'agneau", Rivages / Noir, 2001, p. 51)

Écrit par : C.C. | lundi, 09 janvier 2006

Vous croyez qu'ils sont plus nombreux ? En ville, peut-être, où ils dorment désormais dans des tentes igloo, mais à la campagne on n'en voit plus guère.

Il en stationne trois au pied de mon immeuble qui sont très aimables, ils font la manche devant le supermarché et l'un d'eux, le plus distingué, d'origine sénégalaise qui a insisté pour me montrer ses papiers afin que je constate qu'il était né en 1934, a toujours des exigences très précises : un sauciflard, s'il-vous-plaît, mais de telle marque… Ça fait toujours plaisir de rendre service à quelqu'un de précis ! (même si à mon avis on ne devrait pas acheter de sauciflard dans un supermarché, et je ne dis pas ça parce que vous êtes Auvergnat).

Un truc agaçant, c'est que le Rotary, la Croix-Rouge et la Banque alimentaire viennent régulièrement collecter de la nourriture à leur nez et à leur barbe, venant jouer les intermédiaires inutiles.
Autre chose : mes trois déshérités sont tolérés par la direction du supermarché qui doit craindre pour la réputation de son établissement. La Banque alimentaire, le Rotary et la Croix-Rouge sont au contraire les bienvenus qui font augmenter le chiffre d'affaire.

Écrit par : Lapinos | mardi, 10 janvier 2006

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