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samedi, 07 janvier 2006

Zoo-lexicologie

Dans Le Luxurieux, pochade érotique de Legrand, une certaine Bibi évoque longuement ses fantasmes oniriques :

"Je me vois chaque nuit dans un pays nouveau,
Je me trouve serpent, arbre, poisson, oiseau.
Si je me vois jument, un maquignon me dompte,
Un palefrenier me sangle, un cavalier me monte.
Je deviens quelquefois matelas et coutil,
Pierre où le rémouleur affile son outil,
Barre que l’on rougit et martèle à l’enclume,
Lampe que l’on remplit, chandelle qu’on allume.
Si je me vois perdrix, un braconnier m’abat,
À moins que son fusil ne vienne à prendre un rat… »

 

(Théâtre érotique français au XVIIIe siècle, Le Terrain vague, 1993)


On ne songe pas immédiatement à rapprocher cette jolie expression du verbe rater, qui en dérive :

« On dit figurément, qu'une arme à feu a pris un rat quand l'amorce n'a point pris, ou que l'arme ne tire pas. Votre pistolet, votre fusil a pris un rat. Et on dit d'un homme qui a manqué son dessein, qui a manqué son coup, qu'il a pris un rat. Il est familier et ironique. » (Académie, 1762)
On ne confondra pas prendre un rat et donner des rats :
« Parmi le peuple, on dit donner des rats pour dire marquer les habits des passants avec de la craie ou de la farine, dont on a frotté un petit morceau d'étoffe coupé ordinairement en forme de rat et attaché au bout d'un bâton. Pendant les jours gras, les petits enfants s'amusent à donner des rats aux passants. » (Ibid.)

Ces rats-là ne seraient-ils pas devenus, de mutation en mutation, nos poissons d'avril en papier découpé ? Mystères de l'évolution lexicale...

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