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dimanche, 18 décembre 2005

La littérature à petit bruit

Oubliés ou méprisés, marginaux ou attardés, excentriques ou "conformistes", minores : "Ce sont eux les échansons, les vivandiers de la littérature, et leur place est autour des grands, de même que, dans un tableau à la gloire d'un saint ou d'un héros, bouffons, dévôts ou courtisans, bien souvent légèrement difformes, s'entassent le long du cadre, prêts à en sortir, à tout moment et pour toujours."
(Giorgio Manganelli, "Conformistes", in L'Almanach de l'orphelin samnite, trad. Marie-José Tramuta, Mâcon, éd. W, 1987)
Pourtant, combien de bonheurs de lecture nous ont donnés ces auteurs discrets, dédaignés par les manuels de littérature, voués aux tirages confidentiels et à l'admiration jalouse de rares aficionados !
François Bott, lui-même "échanson" ou "vivandier" des lettres, a consacré une belle série de portraits à ces écrivains "notoirement méconnus" — selon la formule désormais usée de Vialatte —, dont les œuvres sont le plus souvent absentes des catalogues des grands éditeurs et des rayons des librairies : André Beucler, Louis Brauquier, Olivier Frébourg, André-Pierre Roché, Léon Werth... Et à d'autres, un peu moins secrets : Emmanuel Bove, André Hardellet, Jean-René Huguenin, Jean Prévost... Un ouvrage à ranger à côté de l'Histoire de la littérature française de Kléber Haedens. Cela s'appelle La Planète des sentiments (Le Cherche Midi éd., 1998). Je l'ai trouvé — et ce n'est sans doute pas un hasard... dans une solderie !
La manière de Bott n'est pas sans évoquer l'esprit aimablement mélancolique de ceux qu'on appelait — étiquette trompeuse — les "fantaisistes" ; un style où la frivolité flirte avec le désabusement : "Très souvent, on ramasse les copies des écrivains longtemps après le fin de la classe. Longtemps après leur mort..." Pour certains, il doit bien arriver aussi, hélas ! qu'on ne les ramasse jamais...

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