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jeudi, 10 novembre 2005

Le style Dantec

"Devant moi, la centrale brillait de ses feux froids. Création mélomèle aux organes hybrides, greffons sur greffons, démoniaque machine cérambyx rampant sur sa tourbe néritique, mensole d'un ciel inverti tombé sur la Terre depuis la Chute, cette mare amphigène où la Machine a trouvé sa niche écologique [...] Dans ma cervelle l'ektachrome réaliste-socialiste de l'ancienne usine Arrighi est désormais implanté en permanence, greffe nerveuse d'un cyborg komsomol au devenir inhumain, un devenir cristallisé dans l'ordre métaminéral de la machine." (Villa Vortex, Folio, p. 457, 476)
D'après H. Bénac (Dictionnaire des synonymes, Hachette, 1956), le phébus se caractérise par le recours à un "langage ampoulé pour exprimer de petites choses, si bien qu'on ne saisit plus celles-ci sous les termes sublimes dont on les cache".
Maurice G. Dantec peut revendiquer la paternité d'une nouvelle catégorie rhétorique : celle du cyber-phébus.

Commentaires

Dire que le Grand admirateur de Dantec trouve mon style ampoulé !
;-)

Écrit par : Alina | jeudi, 10 novembre 2005

Il ne sera pas dit qu'on raille le Supermoujik fulgurant à coups de borborygmes tirés de je ne sais trop quelle malle de sorcellerie insane sans que le Spekülateur ne descende de sa navette à tisser les mots pour en faire d'arachnoïdes pièges à filous ET ne foudroie de son verbe, sujet, complément, allons-y gaîment, tous les vermicelles qui forniquent ici.

Après avoir tout brûlé de ces baveuses semences, je grave dans l'écorce de ce blogue tordu ces quelques paroles de Rudolf Retournanski : « Honni soit qui mal y pense ! », tirée de "Recréer le Réel à partir du Rien", 1945, Éds. du Pin Parasol, préface du Spekülateur, 12 €.

Écrit par : Le Spekülateur | jeudi, 10 novembre 2005

Venant tout juste d'achever la lecture de Cosmos Inc., en dehors de toute question de style, je qualifierai le roman de "speculative theology" en relation avec le terme de "speculative fiction" créé dans les années 70 pour qualifier les ouvrages de Michaël Moorcock, Brian Aldiss ou J.G. Ballard.

Écrit par : L. S. | vendredi, 11 novembre 2005

Ce que je reproche à Dantec, c'est de pousser ses tics d'écriture jusqu'à l'outrance ; plus qu'aux tropes et figures, sa rhétorique personnelle recourt au procédé, combine les stéréotypes empruntés à des registres divers en une sorte de galimatias, d'abord parodique — peut-être inconsciemment —, puis, tout aussi inconsciemment, auto-parodique. Mais cela ne le disqualifie pas en tant qu'auteur. On s'est assez moqué des cacographies de Balzac, qui est pourtant un écrivain de génie. Dantec, agace, pose et indispose, mais il y a incontestablement chez lui des choses très fortes, mêlées à un bric-à-brac philosophico-religieux assez fumeux. Là encore, on peut invoquer Balzac, fasciné par les sciences plus ou moins exactes aussi bien que par la théosophie... Si le parallèle n'est pas trop stupide, on peut penser que Dantec, comme Balzac, est un créateur visionnaire, romantique, qui nous fascine par ce qu'il y a d'excessif dans ce qu'il produit, mais dont le style aussi bien que l'idéologie sont irrémédiablement bancals.

Écrit par : C.C. | vendredi, 11 novembre 2005

Se boursoufler, c'est ce que fait la grenouille quand elle veut se faire plus grosse qu'un bœuf.

Écrit par : Lapinos | dimanche, 13 novembre 2005

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