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lundi, 26 septembre 2016

Crépuscule

S'il arrive, comme l'écrit Tournier, que "l'approche de l'absolu se signale par le rire", elle se manifeste aussi, parfois, par ce serrement de cœur, ce vertige presque douloureux qui vous saisit en des moments et des lieux où la beauté du décor vous étreint, vous conduit au bord des larmes. Où l'on touche à l'ineffable. Ce sentiment, cette sensation, cet indicible, il est là, tout proche et néanmoins insaisissable, dans les quelques vers, sublimes et si simples, de "L'infinito" de Léopardi ou la parole nue, le laconisme ébloui d'Ungaretti :

M'illumino
d'immenso

Certains crépuscules d'automne sont ainsi noyés d'une mélancolie telle que l'on "se sent sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer" devant ces ciels barbouillés d'encre et de cendre où s'attardent, avant la nuit, de vagues lueurs roses, des luisances d'or terni.
Décors de théâtre pour clowns métaphysiques, rideau qui retombe sur nos bouffonneries tragiques. Fin de partie : "Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste. On jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais."

samedi, 10 septembre 2016

Météo 39

"La journée s'annonce calme et bien ensoleillée, excepté sur le relief où des nuages bourgeonnent pour donner des averses localement orageuses."
(Météo France, 10 septembre 2016 — Bulletin actualisé à 5 heures)

À plus long terme :
"Le futur est bien obscur. Aussi ne puis-je l'envisager avec beaucoup d'optimisme."
(Eric J. Hobsbawn, Les Enjeux du XXIe siècle, Éditions Complexe, 2000)

dimanche, 04 septembre 2016

Le grand style 27

"La résignation des pauvres gens s'étend sous le ciel comme une bête blessée et regarde doucement les choses dont elle ne peut point jouir."
(Charles-Louis Philippe, La Mère et l'enfant, Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1911, p. 72)

vendredi, 02 septembre 2016

"Je m'en suis venu visiter mon païs de vache et sçavoir si en vie estoyt parent mien aulcun..."

000000000000a.jpgLes fantômes de ceux qui les ont habitées finissent par quitter, un jour, les maisons vides, livrées à l'oubli et aux patients saccages du temps. Les maisons meurent aussi, se délabrent lentement, les ronces et les orties envahissent les jardins, les fruits, que personne ne cueille plus, pourrissent dans l'herbe.
Retrouver la maison d'enfance, désormais sans âme, est un crève-cœur. Le ciel est impitoyablement bleu, le soleil brûlant, le silence de la campagne fige toutes choses dans une éphémère éternité...
Nous désherbons, débroussaillons, fauchons les herbes folles. À midi, nous déjeunons frugalement à l'ombre du grand laurier. Bientôt, il faudra reprendre la route, revenir à la morosité du "bel aujourd'hui".
Nous rentrerons par ces petites routes du Bourbonnais qui nous sont chères, musardant du côté de Tronçais, saluant au passage d'autres fantômes — ceux de Charles-Louis Philippe et de Giraudoux... Les panneaux indicateurs évoquent les amours romanesques du Grand Meaulne ; les tours ruinées d'Hérisson nous parlent, comme les romans baroques, d'épopées guerrières cruelles et de tribulations sentimentales. On croit entendre le cliquetis des armes et des armures...
Ce n’est que le bruit des massettes et des burins des bénévoles qui s'activent parmi les décombres. Comme si l'on pouvait ressusciter le passé.