mardi, 04 décembre 2012
La cognizione del dolore 12
Situation — treizième volume des carnets de Calaferte. Presque à chaque page, des notes poignantes sur la souffrance, l'impuissance devant la maladie, "l'emprisonnement de l'impotence", alternant avec des instantanés plus sereins, laconiques célébrations de la beauté des choses :
"Linge de femme blanc mis à sécher, soulevé par le vent."
"La femme, pour midi, cueille dans son jardin deux belles laitues d'un vert tendre."
"Le papillon blanc au cœur de la pensée bleue."
Puis, plus ou moins attendu, au détour d'un paragraphe, voici le coup de gueule excédé. Le poète pudique et tendre, le mystique, confronté à la sottise, à la cruauté, a des emportements flaubertiens, "tonne contre" :
"Innombrables souffrances des animaux dans notre triste société de cons pourris."
"L'histoire est un condensé de la connerie et de la crapulerie humaines."
"Égoïsme, intérêt, fausse bonne conscience, méfiance, médisance, méchanceté, radinerie — l'esprit bourgeois m'insupporte."
"Vieux cons qui foutent des canaris en cage."
Comment ne pas éprouver une profonde sympathie pour le stigmatisé qui se résume dans cette autobiographie-express :
"À dix ans, qui étais-je ? — un révolté.
À soixante-trois ans, qui suis-je devenu ? — un révolté.
Je suis l'enfant-fou, l'enfant-poète." ?
20:20 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (0)
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