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lundi, 06 février 2012

Groseilles, lentilles, oublies...

Aragon écrit, dans la préface aux Yeux d'Elsa — "Arma virumque cano", 1942 :
"J'avais, à l'âge où l'on apprend à aimer les poèmes, été singulièrement frappé par ces vers de Rimbaud

Mais des chansons spirituelles
Voltigent partout les groseilles

tels qu'ils figuraient sous le titre Patience (D'un été...) dans l'édition Vanier. On veut aujourd'hui (édition critique, Mercure de France) qu'ils se lisent

Voltigent parmi les groseilles

et sans doute qu'il en est ainsi. Mais je ne puis refaire le chemin parcouru et, pour moi, tant que je vivrai, je lirai Voltigent partout... avec cet étrange transitif du verbe voltiger, qu'on peut me dire être une faute, et que je persiste à considérer comme une beauté. L'art des vers est l'alchimie qui transforme en beautés les faiblesses."

Faiblesses, coquilles typographiques, inadvertances (on pense aux "lentilles vert émeraude" de Queneau), mais aussi — et de plus en plus souvent, avec le temps — lacunes de notre "encyclopédie". Exemple avec ce vers, justement, d'Aragon :

Annonçant le plaisir comme un marchand d'oublies

Combien, l'entendant réciter ou chanter sans l'avoir sous les yeux, l'entendent "à plus hault sens", comme s'il évoquait la fallacieuse promesse de quelque léthé ; ou, l'ayant sous les yeux, s'étonnent simplement de la négligence du correcteur ?

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