lundi, 14 février 2011
Mentes tuorum visita
Après-midi à Vichy. Promenade, malgré le temps froid et pluvieux, dans les ruelles étroites, raides et sinueuses du vieux quartier des Célestins. Pensions de famille, maisons de retraite. Au "Fréjus", on propose, en lettres d'or sur fond noir, "confort" et "régimes". L'église Notre-Dame-des-Malades, dont l'esthétique participe de la meringue hypertrophiée et de la cuve en béton, érige au-dessus des toits son clocher phalloïde et crucifère. Maison natale d'Albert Londres, dégradée, bizarrement peinturlurée, petites boutiques désuètes... On pense à la sévérité de certains jugements de Larbaud sur la ville : "Vichy [...] horrible, bruyant, froid et gluant. Enfin, l'égout, comme toujours." (Lettre à Marcel Ray, septembre 1922)
Au retour, j'écoute vaguement Radio Classique. Entretien assez consternant avec Denis Tillinac, qui parle de son Dictionnaire amoureux du catholicisme. Voix et propos vulgaires. Le présentateur définit le Veni Creator comme "l'un des hymnes les plus célèbres" de l'antiphonaire : sans doute considère-t-il, en bonne logique et eu égard au féminin du titre, La Marseillaise comme une hymne (ledit présentateur, décidément très en forme, rappellera un peu plus tard que Kreutzer "était français" : "c'était même [sic] un descendant de Purcell") ! Quant à Tillinac, il n'hésite pas à attribuer la paternité du Veni Creator à un moine "d'origine orientale". Il ne serait peut-être pas inutile, quand on prétend traiter du latin mystique, de relire Rémy de Gourmont. Cela éviterait de proférer d'aussi monumentales âneries.
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