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lundi, 10 janvier 2011

Pauvre Vialatte

La Montagne a décidé de faire de 2011 "l'année Vialatte". Cette reconnaissance tardive, prenant prétexte du double anniversaire de sa naissance et de sa mort, a, comme la récupération commerciale entreprise moins d'une décennie après la disparition de l'auteur, quelque chose de vaguement indécent. Vialatte, sans doute, se serait passé du statut peu lucratif d'écrivain pour happy few et il lui fallait tout son humour pour faire "mieux que de se plaindre". Il n'est pas sûr, toutefois, qu'il eût été flatté des hommages oiseux que lui rendent aujourd'hui telle clownesse pondeuse de best-sellers ou tel gugusse, que son érudition en matière de films pornographiques n'autorise pas, que l'on sache, à jouer les critiques littéraires.

Commentaires

Faut-il rappeler que Vialatte était, de son vivant, assez chiennement traité à "La Montagne" ? Sa cinq centième chronique, en date du 2 octobre 1962, n'a jamais été publiée : il s'agissait en fait d'une demande d'augmentation dont l'ironie n'avait manifestement pas été appréciée par la rédaction du journal ("Chroniques de La Montagne", Laffont, 2000, vol. 2, p. 88).
Sur les célébrations posthumes, on lira, plutôt que les pauvretés des parasites nécrogènes, la belle chronique qu'il consacrait à Toulet quelques mois avant de disparaître : "On célèbre aujourd'hui le cinquantenaire de Toulet (celui de sa mort). Mais ces choses officielles ne répondent pas à ce qu'ils méritent." (Ibid., p. 907) Le "ils" renvoie à ces "fantaisistes", si mélancoliques, dont Vialatte est le cousin. Ou le neveu...

Écrit par : C.C. | mardi, 11 janvier 2011

L'amour n'est pas toujours un bouquet de Vialatte...

Écrit par : Nyx | mercredi, 12 janvier 2011

En une de La Montagne aujourd'hui.
...un auteur notoirement reconnu..
Vialatte doit se retourner dans sa tombe.

Écrit par : brindamour | dimanche, 16 janvier 2011

Le site mis en place par "La Montagne" propose même "des activités en milieu scolaire". Jules Renard se rêvait passant à la postérité comme auteur de dictées pour le cours moyen. Mais c'était à l'époque où l'on faisait encore des dictées... Quand on voit ce que l'école a fait de La Fontaine, de Prévert ou de Tardieu (oh ! ces "à la manière de..." !), on frémit en imaginant les chroniques que pourront produire les écoliers du troisième millénaire.

Écrit par : C.C. | dimanche, 16 janvier 2011

Je suis en train de relire (entre autres) les "lettres rhénanes
" de notre Alexandre (publiées en 1985 par Julliard — préface de Ferny Bresson, sous le titre "les bananes de Königsberg") : un délice — un tant soit peu prophétique, aujourd'hui encore, hélas... !
Je peux vous dire que lettre après lettre, ce jeune type-là devient, sous vos yeux, l'être humain le plus parfait, admirable et aimable qui soit. Une métamorphose — métamorphrase. C'est tout.

Écrit par : Martin Lothar | mercredi, 02 février 2011

Et, à propos de Vialatte, il n'est pas déplacé de citer — une fois encore, une fois de plus — Pascal : "Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi ; car on s'attendait de voir un auteur, et on trouve un homme."
Rappelez-vous cette pub idiote : lisez les "Bananes" par les deux bouts!

Écrit par : C.C. | mercredi, 02 février 2011

Ma moitié d'Auvergnat abonde à cette belle pensée de Blaise qui, patriote, ne pouvait qu'admirer Vialatte (^^)

Écrit par : Martin Lothar | mercredi, 02 février 2011

Pascal a même vraisemblablement plagié Vialatte — par anticipation :
"Je n'ai fait celle-ci plus longue que parce que je n'ai pas eu le loisir de la faire plus courte." (B.P., "Provinciales", 16)
"N'ayant pas le temps d'être bref, je serai peut-être un peu long." (A.V., "Chroniques des grands micmacs")

Écrit par : C.C. | mercredi, 02 février 2011

Excellent ! Jouissif ! Comme quoi nos deux lascars étaient "fins géomètres" voire "quantiques" Fouchtra de nom de Zeus de bonsoir de bon sang ne saurait mentir ! (comme dirait le capitaine Ad Hoc, qui lui était Belge, c'est vrai)

Écrit par : Martin Lothar | mercredi, 02 février 2011

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