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mercredi, 14 novembre 2007

Petite anthologie portative 42

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(Aragon, Le Mouvement perpétuel, 1926)

Commentaires

Il y a quelque chose qui échappe à ma compréhension, là ... vous pouvez m'expliquer ?

Écrit par : Kate | jeudi, 15 novembre 2007

en tous cas K. dans votre ancien blog je crois bien avoir lu que le luxe ultime était de mourir livre à la main - chez les anciens

Écrit par : paul | jeudi, 15 novembre 2007

Le truc, c'est qu'il faut lire cela verticalement. Ce qui donne :
Agms x - bhnt - ciou y - djpv - ekqw z - flr
Dès lors, tout devient limpide, non ?

Je plaisantais. Plus sérieusement, il s'agit en fait d'une somme poétique en kit. Chaque élément peut être utilisé (ou non) ad libitum, autant de fois que l'on veut, et dans un ordre arbitraire. Ainsi, à partir du matériel graphique suivant : eeeeeee/tttt/l/uuu/nn/ii/q/c/oo/rrr/dd/aa/sss/mm/p,
classé selon la séquence ordinale :
1-9-14-18-25-28-35 / 2-20-26-27 / 3 / 4-8-16 / 5-34 / 6-33 / 7/ 10 / 11-22 / 12-21-32 / 13-17 / 15-31 / 19-29-36 / 23-30 / 24,
on obtient le monostiche d'Apollinaire :
"Et l'unique cordeau des trompettes marines".
On peut, de la même manière, obtenir "La Maison du berger" ou l'intégrale des "Contemplations", mais c'est un peu plus long — et la ponctuation n'est pas fournie.
Le poème du jour, ou plutôt la chanson, c'est tout de même "On n'est pas là pour se faire engueuler". À cause du "beaujolais vrai de vrai". Cette année, il est bien bon. Santé !

Écrit par : C.C. | jeudi, 15 novembre 2007

Merci. Fort intéressant ce petit jeu. Je n'avais vraiment aucune idée de ce que ça pouvait signifier et la seule chose qui me venait à l'esprit était la réponse à "la" question posée à Deep Thought dans The Hitchhiker's Guide to the Galaxy d'Adams.
Paul: mourir un livre à la main me semble le nec plus ultra après mourir en baisant. Ahh, on savait vivre autrefois!

Écrit par : Kate | vendredi, 16 novembre 2007

On peut toujours, en matière d'exégèse, dire tout et n'importe quoi — ignorer "les limites de l’interprétation" et outrepasser "l’intentio operis" (Eco)… Sauf qu’ici, "l’intentio operis" paraît de nature à légitimer les interprétations les plus saugrenues, alors même que "l’intentio auctoris" ne dépasse guère le niveau du canular.
Note de mon édition (Aragon, "L’Œuvre poétique, tome II, 1921-1925", Livre Club Diderot, 1974) : "Le rapprochement ici de "Suicide" et de "Persiennes" [poème constitué du seul mot persienne répété vingt fois] tend évidemment [!] à instituer un certain genre poétique né à l’époque du mouvement Dada. Francis Picabia qui n’aimait guère Aragon avait cependant vivement approuvé le premier de ces deux poèmes, lequel d’une certaine façon semble se rapprocher de ce que, dans le domaine plastique, Picabia faisait lorsqu’il donnait pour titre à une grande tache d'encre : "La Sainte Vierge". Cependant Picabia protestait contre le fait d’intituler ainsi l’alphabet : le signer lui paraissait le contraire d’un suicide. Il disait que, pour sa part, il aurait appelé ce "poème" : "Renaissance"." (p. 328)

Écrit par : C.C. | vendredi, 16 novembre 2007

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