vendredi, 16 mars 2007
Conjugaison
Dans la huitième édition de son Bon Usage, qui a un peu plus de quarante ans, Grévisse observe que "le passé simple, dont les désinences parfois hétéroclites produisent des formes trop différentes de celles des autres temps, a presque totalement disparu de la langue parlée".
Il n’est donc pas vraiment surprenant qu’on ait consacré un musée à ce temps frappé d’obsolescence. C’est dans l’Aube, à Crésantignes, non loin de Chaource, où l’on fait un excellent fromage.
20:23 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Jeugny, nous gnîmes, vous gnîtes.
Javernant, nous avernîmes, vous avernîtes.
NB : Le chaource est un animal hybride.
Écrit par : Mauricette Beaussart | samedi, 17 mars 2007
Un passé, donc, pas si simple.
Écrit par : Alain Bagnoud | samedi, 17 mars 2007
Une fois de plus, on pense à notre cher Vialatte, qui s'émerveillait qu'il y eût à Marsac-en-Livradois un "musée du Néant" et qui, un peu partout dans ses chroniques, s'alarme de la méconnaissance des conjugaisons, qui, de nos jours, "devient grandiose, ubuesque et même shakespearienne".
Écrit par : Rose Chapotel | lundi, 19 mars 2007
Quand comptez-vous nous offrir une visite de ce musée, Copronyme ?
(Pas banale, la manière de votre Vialatte de mélanger Shakespeare et Ubu ; pensait-il à Le Pen, le dernier homme public qui persiste à en user, entre deux calembours incorrects ?)
Écrit par : Lapinos | lundi, 19 mars 2007
Rose fait sans doute allusion au musée des demoiselles Comte, dont il est question dans "L'Auvergne absolue" : "Ils ont aussi un musée du Néant. C’est à Marsac, où deux vieilles demoiselles se mirent à exposer des choses ; d’abord des bicyclettes fleuries (elles venaient d’en gagner le concours) sur le billard de la salle du café que leur avait légué leur père, qui était hôtelier-armurier. Elles continuèrent par un fusil de chasse, une plaque de garde-champêtre et un livre d’Henri Pourrat. Elles y acquirent la notion de Musée. Elles s’aperçurent que tout objet mis sous vitrine sur un socle en velours grenat, avec une étiquette en ronde, que ce soit une molaire de caniche, un tranchet de cordonnier-poète, ou un père de famille breton du XXe siècle, prend une dignité scientifique, un air de curiosité rare, et pour tout dire la majesté de l’Histoire. Ce qui fait le musée, c’est la vitrine. Elles enrichirent leur collection d’une réclame de fil "Au Conscrit", de lacets de corset, et d’une canne-ocarina sur laquelle un militaire belge avait joué "la Marseillaise" le 12 mai 1925. Ensuite tout y passa, leurs assiettes, leurs cuillères, leurs couteaux, leurs jupons, leurs salières, leurs livres de messe. Puis elles moururent : l’une se pendit, tandis que l’autre criait "Au feu". La survivante légua son musée à la ville. Qui ne sut qu’en faire, et le laisse visiter. On y découvre avec respect ce qu’on peut voir partout ailleurs. On s’aperçoit qu’on est venu là pour ne rien voir. On y trouve le musée en soi, à l’état pur, pour ainsi dire, dégagé de tous les accessoires qui font l’objet de tous les autres musées ; le musée de Rien, le musée-musée. (Dans deux cents ans il renseignera l’homme sur les jupons des demoiselles Comte. Il n’est pas dit qu’il n’aura pas de valeur. Ce qui perd le plus au cours des siècles, ce sont les verres, les boutons, tous les objets usuels, parce qu’on les égare ou les casse. Elles apparaîtront alors en véritables précurseurs, créatrices de l’antimusée. Elles auront leur square et leur buste, avec un bas-relief de bicyclettes fleuries.) ("L’Auvergne absolue", Julliard, 1983, p. 41-42)
Écrit par : C.C. | lundi, 19 mars 2007
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