lundi, 03 avril 2006
"Je pense que vous estes venu par la pluye : vous estes encore tout tortant"
Parti il y a une semaine avec la pluie, je rentre sous les giboulées.
Bref passage à Lille, au lendemain de la manifestation "historique" de mardi dernier. Dans toutes les rues, autour de la Grand-Place, la police, omniprésente ; on n'a pas vraiment envie de s'attarder. Un rapide passage au "Furet", où j'achète Les Marécages, de Joe R. Lansdale (excellent polar sudiste qui n'est pas sans rappeler La Nuit du chasseur) et un recueil de Follain, puis, provision faite de vieux lille, de mont-des-cats, de maroilles et de bière de Saint-Amand parfumée aux baies de genièvre, je regagne mon pied-à-terre de Wazemmes. De ma fenêtre, j'observe le manège d'un couple de pies qui construit son nid dans un platane du boulevard.
Après le Nord, quelques jours en Lorraine. On peut préférer, bien sûr, "ces pays imbéciles où jamais il ne pleut", mais c'est un plaisir de choix que de profiter d'une après-midi particulièrement grise, venteuse et sinistre, pour aller visiter, de l'autre côté de la frontière, les monstrueuses friches industrielles de Völklingen, univers labyrinthique de ferraille, de rouille et de béton.
Plaisir de trouver, à mon retour, un colis de livres qui devrait m'occuper quelques jours. Les trois petits volumes vert pomme des Écrits de Gustave Roud, non coupés, ravissent l'œil et la main, et promettent maints bonheurs de lecture...
23:24 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Au milieu des friches industrielles, une petite chapelle en ruine qui abrita successivement les étreintes clandestines, et les détours urinaires, c'est le seul site aujourdhui "réhabilité" ; il servait aussi de destination à la procession de ceux qui, contre les grèves, défilaient derrière la bannière de leur saint, le genêt à la boutonnière.
Écrit par : Le Morse | vendredi, 07 avril 2006
Sur les lieux déshérités — mais ils s'agit d'autres lieux, d'autres ciels —, beaucoup de passages de "La patience du brûlé", de Guido Ceronetti : "... l'église est verrouillée, les murs lâchement barbouillés. Elle est entourée de déchets, bouteilles, papiers, autres étrons. Sur un matelas en Permaflex, encore en bon état, on peut dormir, si l'on n'est pas gêné par les copulations de blattes, les visites de lézards, les touffes d'herbes sèches. Détritus. Au-delà, terrain de sport."
Déprimante poésie du sordide, allégories triviales du "tempus edax rerum"... Ceronetti n'est pas gai. Les paysages industriels non plus.
Écrit par : C.C. | vendredi, 07 avril 2006
Les commentaires sont fermés.