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dimanche, 19 mars 2006

Vin de messe

En 1900, Le Père Peinard se répandait en invectives contre « les ratichons qui rêvent le rétablissement de l'Inquisition et qui, avec leurs cochonnes de croix, empoisonnent le pays ». Combats d’un autre âge ? Voire… à Saint-Amand-Montrond, petite localité du cher où avait lieu ce week-end la traditionnelle foire aux vins, une fresque décorant la halle d’exposition a été censurée sur demande expresse de l’évêché. Voici l’article que La Croix consacre à l’événement :

"Saint-Amand (Cher), 16 mars 2006 (AFP) - Une fresque pour une foire aux vins provoque la colère de l'Eglise.

Une fresque réalisée pour la foire aux vins de Saint-Amand-Montrond (Cher), qui représente une scène de la messe avec des personnages aux pommettes rougies par la boisson attendant la communion, a déclenché la colère de l'Eglise et obligé à cacher une partie du dessin.

Dans un premier temps, le peintre Amador Castaner avait accepté d'apporter des retouches. Mais, jeudi, les organisateurs de la foire qui débute samedi ont décidé de cacher à l'aide de bandes de papier blanc la partie de la fresque incriminée, soit la moitié du dessin.

"Nous avons décidé de masquer tous les symboles religieux pour apaiser les esprits", a indiqué à la presse François Perronnet, président du comité de foire, après discussion avec le maire et le curé.

"Ce dessin est d'un ridicule sans nom. Notre Église, c'est autre chose [que cette scène]. En tant que prêtre, on se sent blessé", a dénoncé Jean-François Breton, curé de la commune.

"C'est un dessin provocant avec une femme à genoux devant le calice. Ce n'est pas pour faire comme les musulmans, mais on ne peut pas tout laisser faire. Il faut faire attention et avoir un minimum de respect des personnes", a ajouté le curé, à qui sa hiérarchie avait demandé d'agir.

Tous les ans, le mur du fond (14 x 5 m) de la salle où se déroule la manifestation est décoré par Amador Castaner qui détourne une scène connue sur le thème du vin. "Je ne vois pas ce qu'il y a de mal. On voit des décolletés. J'avais réalisé un dessin plus osé, il y a 15 ans, qui n'avait pas posé de problème", s'est-il étonné."

 

 

À l’époque où l’on grillait volontiers hérétiques et blasphémateurs, les théologiens avaient assez d’intelligence pour ne pas se scandaliser de plaisanteries monacales qu’on jugerait aujourd’hui déplacées. Comme, à propos du vin, justement, le détournement de la cinquième parole du Christ en croix, repris par rabelais dans les "propos des bien ivres"…

Quoi qu’il en soit, les vins étaient bons, dignes, pour beaucoup d’entre eux, d’être choisis comme vin de messe. Dans ma lointaine enfance, lorsque j’étais enfant de chœur, c’est du pouilly-fuissé que le curé versait dans le calice. On peut avoir plus mauvais goût.

Commentaires

Quand JPII est venu à Strasbourg, j'ai offert un apéritif au vin de messe à mes collègues. J'ai acheté 2 burettes pour le servir et naturellement un collègue m'a cassé les burettes....

Écrit par : RPH | dimanche, 19 mars 2006

Evidemment j'utiliserai "le Charpentier" pour commenter votre note et vous dire que mon enfance de choeur a été abreuvée de Bonnezeaux parfumé aux essences spermatiques des soutanes.

Écrit par : Le Charpentier | lundi, 20 mars 2006

Dommage que si petites soient les images du tableau !
Trinquons, cependant !

Écrit par : grapheus tis | lundi, 20 mars 2006

Finalement, on en revient toujours au mot de la bouteille — ou à la sagesse biblique : "Va, mange avec joie ton pain, et bois gaiement ton vin" (Ecclésiaste, 9:7).

Écrit par : C.C. | lundi, 20 mars 2006

Confucius n'aurait pas désaprouvé :

http://afpc.asso.fr/wengu/wg/wengu.php?l=Yijing&lang=fr&no=27

Écrit par : Danielle | lundi, 20 mars 2006

n'est-ce pas du blanc exclusivement ?
(le Pouilly-Fuissé)

Écrit par : paul | lundi, 20 mars 2006

Pouilly-fuissé, pouilly-loché et pouilly-vinzelles sont des blancs issus de chardonnay, produits dans le Mâconnais (on ne les confondra pas avec le pouilly-fumé, proche du sancerre). Il semble que le choix du blanc comme vin de messe soit essentiellement d'ordre pratique. Les ouvrages de théologie précisent simplement que le vin utilisé pour la consécration doit être du "vin naturel".

Écrit par : C.C. | mardi, 21 mars 2006

Cette affaire de fresque sert du moins à montrer la persistance jusqu'à nos jours des valeurs de tolérance et d'ouverture d'esprit dans la ville de Saint-Amand-Montrond, connue pour avoir élu et réélu, pendant dix-sept ans, son bon maire Maurice Papon.

Écrit par : Pierre Enckell | mardi, 21 mars 2006

si le coeur vous en dit vous trouverez une photo du village et des vignobles de Pouilly-Fuissé au printemps dernier sur mon blog (rubrique albums "Vézelay")
vos notes sont instructives

Écrit par : paul | mardi, 21 mars 2006

P.E. : Saint-Amand est aussi la ville natale de Louis Lecoin !

À propos truelle, comme eût dit Rabelais, est-ce délibérément que vous passez sous silence, dans votre petit livre, le nom de la chienne de Chaval ?

P. : Merci pour la carte postale de Saône-et-Loire, département qui m'est cher !

Écrit par : C.C. | mardi, 21 mars 2006

Un Lecoin vaut évidemment un nombre incalculable de Papons. Mais c'est bien Papon qui a été choisi, élu, honoré par cette ville qui vient de se distinguer une fois de plus.

Quant à la chienne de Chaval, rien de délibéré : mon ignorance est totale. Merci d'y remédier...

Écrit par : Pierre Enckell | mardi, 21 mars 2006

Chaval aurait baptisé sa chienne "Caca".
Nom infâmant ? Pas sûr, puisque Caca, sœur de Cacus, était honorée à Rome, au même titre que Vesta... J'admets cependant qu'on puisse mettre en doute, ici, le caractère intentionnel de la référence mythologique !

Écrit par : C.C. | mardi, 21 mars 2006

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