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mardi, 20 décembre 2005

Mécomptes du lundi

Encore un lundi bien gris, bien froid, une journée bien perdue.
Lu très rapidement Catherine, de Pierre Bergounioux. Déprimant, poisseux, une impression de malaise presque physique. Quelques écrivains laissent ainsi une vague nausée, un mauvais goût dans la bouche : Jouhandeau, Luc Dietrich... Leur style a des relents de vase et de cendre.
"Une souche de châtaignier était chavirée dans l'herbe haute. Sous la première lame d'écorce, ils étaient deux — des auronitens —; côte à côte, au fond de l'alvéole qu'ils avaient creusé dans l'aubier pourrissant. Il visait plus haut. L'écorce résistait. Il faisait plus sombre. Il s'écorchait les doigts. Il souleva, au passage, des pierres, mais rien ne s'y cachait. Le fourré s'épaississait. Il repéra un autre tronc décomposé. Il se hâtait. Avec le couteau, il tailla dans les ronces, l'œil écarquillé pour ne rien perdre dans la clarté pauvre, verdâtre, et souleva de larges plaques d'écorce spongieuse. Encore un auronitens. Des larves de longicornes grasses, crémeuses..."
Le texte est comme travaillé de l'intérieur par une gangrène sournoise.
Le livre refermé, on va se laver les mains. 

Commentaires

J'ai essayé Jouhandeau, c'est aussi mon impression, j'avais vaguement l'intention de tenter Luc Dietrich. Bergougnioux ? Connais pas.

Écrit par : Le Morse | mardi, 20 décembre 2005

Jouhandeau ??????? non mais "quand" vivez vous ?
Bergougnioux comme descendant de Jouhandeau ? Peut être un peu méchant comme filiation .
Dietrich ? hum hum hum !!! un mec qui a pu prendre Gurdjief (ortho non homologuée et flegme de vérifier) pour Grand Guru (sans poche ventral) mérite -t-il d'être relu ?

Morse(le) et CC : savez vous qu'il y a des tas d'excellents livres à lire ? et pas seulement de la paperasse avariée ?

Écrit par : hozan kebo | mardi, 20 décembre 2005

"Le Bonheur des tristes", que j'ai lu très jeune, dans l'édition du Livre de Poche d'alors, avec une couverture hideuse, marronnasse, aussi déprimante que le contenu, m'avait fortement impressionné par sa brutalité, son côté "glauque" et, justement, son insondable tristesse (il me semble qu'il y a un peu de cela dans certaines pages de "C'est la guerre", de Calaferte). Je continue à penser que c'est un livre fort, poignant, parce qu'il communique au lecteur cette sorte de nausée à travers laquelle il partage l'expérience douloureuse du narrateur. Le texte est le lieu d'une communion souffrante, et peut-être d'une sorte de catharsis... Bergounioux serait plutôt proche, géographiquement et littérairement, de Michon ou de Millet. Mais, alors que chez ceux-ci le style, admirablement maîtrisé, élève la trivialité au rang d'objet littéraire, chez Bergounioux (comme chez Jouhandeau) ce serait plutôt l'inverse qui se produit : le style — non moins exact — opère une étrange alchimie de la dégradation. Décrits par Bergounioux, le civet de sanglier ou l'eau de vie de prune (dans "Catherine") se muent ainsi en substances répugnantes, délétères, corrosives. La rhétorique agit comme un maléfice ; elle n'est en aucun cas salvatrice, et semble même marquée d'une sorte de dilettantisme pervers... On peut donc, tout compte fait, préférer Dietrich. "Il réussit à faire très bien ressentir le trouble et l'anxiété que lui a procurés sa brève existence. Car il trouvait douteuse la couleur de tous les matins." (François Bott)

Écrit par : C.C. | mardi, 20 décembre 2005

Encore un (Bergounioux) qui n'a bien assimilé les "Poésies" de Lautréamont !

Écrit par : Ray | mardi, 20 décembre 2005

Les commentaires sont fermés.