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vendredi, 02 décembre 2005

Guignoleries politiques

Dans Le Monde, en date du 1er décembre, cet article édifiant :
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Quand M. Frêche entonne un chant colonial
Montpellier, correspondance.

Le conseil régional de Languedoc-Roussillon était en pleine discussion sur son budget, mercredi 30 novembre, lorsque Georges Frêche a pris la parole. Le président socialiste de la région a l'habitude de faire connaître ses avis, iconoclastes ou brutaux, sur à peu près tous les sujets. Cette fois, revenant sur le débat parlementaire de la veille qui avait opposé les socialistes à l'UMP sur "le rôle positif de la colonisation française" (Le Monde des 30 novembre et 1er décembre), M. Frêche a lancé : "Il est juste de reconnaître le rôle positif de la présence française en Algérie." Puis il a développé : "La colonisation, je veux bien qu'on la condamne. Mais on s'acharne sur rien du tout. Si je suis d'accord pour stigmatiser les gros colons, je salue le très bon boulot des instituteurs en Afrique du Nord." Qualifiant de "gugusses du PS qui font une opération politicienne" les parlementaires montés au créneau pour faire abroger l'article de loi, M. Frêche a dû faire face au "grand malaise" de ses amis socialistes. Et a essuyé une bronca des élus communistes et Verts réclamant une suspension de séance.
Profitant de l'interruption, M. Frêche entonna alors à tue-tête, du haut de son perchoir régional, le chant colonial C'est nous les Africains qui revenons de loin, repris en chœur par quelques élus du Front national. À la fin du couplet, le leader régional du FN, Jean-Claude Martinez, applaudit : "Bravo Frêche! Et s'ils te virent, tu sais que tu as toujours une bonne soupe de côté au FN." Au déjeuner, M. Frêche a pris à partie le porte-parole du groupe communiste, Jean-Louis Bousquet : "Tu as eu raison de réagir comme cela. A ta place, j'aurais fait pareil. Mais moi, tu comprends, je ne suis pas à Nantes [comme le président du groupe PS de l'Assemblée nationale, le député et maire Jean-Marc Ayrault], où il n'y a pas l'ombre d'un rapatrié. Ici, à Montpellier, c'est eux qui font les élections."
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Non moins édifiant, le verbatim de l'intervention de François Grosdidier, lors de la séance du 30 novembre à l'Assemblée Nationale (sur le site du Nouvel Observateur) : les réactions des députés donnent une haute idée de leur honnêteté intellectuelle et de leur dignité :

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M. François Grosdidier - Ma question s'adresse au Garde des Sceaux. Elle ne porte pas sur le racisme anti-blanc, phénomène sur lequel j'attends une réponse écrite, mais sur les mariages blancs. Dans ma commune, lors d'un mariage sur deux, l'hôtel de ville résonne de « you-you ». (« Et alors ! » sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains) Ce sont de formidables moments de bonheur, de chaleur humaine que nous partageons avec les familles... (Huées et claquements de pupitres sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains où le brouhaha couvre la voix de l'orateur)
M. Julien Dray - Ces propos sont indignes. C'est une insulte à la communauté musulmane.
M. François Grosdidier - Lors d'un mariage sur cinq, il n'y avait que les futurs époux et les témoins qui ne se connaissaient manifestement pas. (Brouhaha croissant sur les mêmes bancs qui rendent l'orateur inaudible)
M. le Président - Je vous en prie.
M. François Grosdidier - J'ai vu des époux qui avaient quarante ou cinquante ans de différence (Mêmes mouvements). L'amour peut ne pas connaître l'âge, mais lorsqu'il ignore la tendresse, cela pose problème. (L'orateur poursuit son propos dans les huées et les claquements de pupitres sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains ; des députés socialistes se lèvent en signe de protestation)
Sur 170 000 étrangers qui s'installent chaque année sur notre territoire, 34 000, soit 20%, le font par le mariage. La loi relative à l'immigration, qui a renforcé les pouvoirs du maire de vérifier le consentement des époux, a permis une réelle amélioration, même si les Parquets sont parfois saturés pour répondre aux alertes des maires. (L'orateur poursuit son propos, que seul un enregistrement peut ici permettre de restituer) Le plus gros problème réside dans le nombre de mariages conclus à l'étranger, dont la transcription en France est automatique et vaut obtention d'un titre de séjour.
Il faut renforcer les moyens de contrôle tout en respectant le droit au mariage, comme l'a annoncé hier le Premier ministre, à l'issue du troisième comité interministériel de contrôle de l'immigration. Monsieur le Garde des Sceaux, comment sera contrôlée la validité d'un mariage conclu à l'étranger ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP ; très vives marques de protestation et huées persistantes sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains)
M. le Président - La parole est à M. le Garde des Sceaux. (Mêmes mouvements)
M. Pascal Clément, garde des sceaux, ministre de la justice - Si vous le permettez, quelques éléments d'information et de réflexion sur ce délicat problème. Lors du comité interministériel de contrôle de l'immigration présidé hier par le Premier ministre, j'ai en effet présenté un projet de loi tendant à rendre plus difficile l'acquisition de la nationalité afin de mieux contrôler la validité du mariage, en cas de mariage mixte. (Brouhaha persistant sur les mêmes bancs)
Il ne m'est guère possible de parler dans ce brouhaha, Monsieur le Président.
(Brouhaha sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains)
Sachant qu'aujourd'hui, un tiers des mariages sont des mariages « mixtes », entre Français et étrangers, nous souhaiterions que les règles qui s'appliquent en France puissent s'appliquer demain à l'étranger et que donc l'officier d'état-civil diplomatique reçoive les candidats au mariage pour mesurer leur volonté réelle de vivre de façon matrimoniale, en communauté de vie affective et matérielle. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP ; exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains)
Sachant d'autre part que la moitié des acquisitions de nationalité par déclaration proviennent du mariage, nous proposons, dans le projet de loi, de porter le délai requis de deux à quatre ans, afin que la communauté de vie soit évidente pour tout le monde.
Nous concilierons ainsi notre volonté humaniste avec la nécessité de vérifier qu'un mariage est un vrai mariage et que l'on n'emploie pas le code civil contre les intérêts du pays ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP ; exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains)
M. le Président - Je crois que nous devons garder la mesure (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains) et faire attention à certains propos.
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Une fois encore, j'ai envie de citer Zo d'Axa, qui écrivait ceci en 1898 :

"Citoyens, on vous trompe ! On vous dit que la dernière Chambre, composée d'imbéciles et de filous, ne représentait pas la majorité des électeurs. C'est faux [...] Ne protestez pas : une nation a les délégués qu'elle mérite.
[...] Faites la chambre à votre image. Le chien retourne à ses vomissements, retournez à vos députés."


Commentaires

Reconnaitre la periode coloniale et aussi la periode esclavagiste qui l'a precedee comme des periodes criminelles, voir genocidaires, c'est redonner aux populations immigrees issues de ces sevices le statut de victimes.
Lorsqu'il s'agit de defendre le droit des vistimes dans le contexte judiciaire, tout le monde s'accorde a dire que la reconnaissance de leur statut est une etape absolument necessaire pour qu'elles fassent le deuil du prejudice recu et puissent se reconstruire. Je pense qu'il en va de meme dans les affaires historiques. Nos jeunes issus de populations victimes dans l'histoire ne pourrons jamais se construire dans un pays qui ne reconnait qu'a demi-mots ses crimes passés.
Si vous souhaitez poursuivre la reflexion sur ce sujet, je vous invite sur mon blog http://colonisation.blogspot.com
Titophe

Écrit par : Titophe | vendredi, 02 décembre 2005

Il n'était pas dans mon intention de lancer un débat de fond — pas plus que précédemment, à propos des prétendus "dérapages" de Finkielkraut, à qui je reproche surtout son empressement à retirer ses propos dès qu'il réalise qu'il est allé un peu loin dans le politiquement incorrect ; ses excuses qui ressemblent fort à une palinodie.
De la même manière, ce ne sont pas les positions adoptées par tel ou tel sur le bilan du colonialisme, ou la xénophobie de tel autre que je récuse, c'est le cynisme écœurant et les procès d'intention. Cynisme écœurant d'un Frêche, préoccupé seulement de ses répugnants tripotages électoralistes, bien-pensance tout aussi nauséabonde d'un Dray, roquet adipeux prompt à s'offusquer grossièrement de ce que n'a pas dit F. Grosdidier — même s'il le pensait très fort. Je trouve simplement qu'il n'y a rien de surprenant à ce que le taux d'abstention, à chaque nouvelle élection, soit ce qu'il est... C'est inquiétant, peut-être ; on peut aussi considérer que c'est réconfortant : le peuple (au sens noble, hugolien du terme) ne serait donc pas qu'un ramas d'imbéciles, de "chiens" pressés de retourner à leur dégobillage... On peut rêver !

Écrit par : C.C. | vendredi, 02 décembre 2005

C'est vrai il y a va un peu fort, mais au fond il n'a pas tort. La colonisation a eu du bon. Il suffit de voir la triste évolution de certains pays, dont Haiti, décolonisé depuis 200 ans, ou du Congo belge, l'un des pays potentiellement les plus riches de la planète.
Ce sont les abus des révisionnistes de gauche qui ont voulu blâmer absolument la colonisation, qui amènent des réactions comme celles-ci.
Faisons un bilan objectif et serein de ces phénomènes complexes !

Écrit par : furgole | lundi, 05 décembre 2005

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