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jeudi, 10 novembre 2005

L'anti-phébus 2

Chez Richard Millet, comme chez Quignard, l'importance du "sentiment de la langue", l'attachement au "classicisme", c'est-à-dire à "une langue forte et belle [pouvant] apaiser la peur de mourir, nous [restituer] à une innocence perdue".

"La haine du classicisme : l'éternel procès fait à la langue par ceux qui, ayant perdu la leur, n'ont de cesse qu'ils ne se soient avec elle perdus dans des vertiges et des flamboiements douteux." ("Notes sur le classicisme", in Le Sentiment de la langue, La Table Ronde, 1993, p. 193)

Commentaires

Le "sentiment de la langue"

j'ai revu hier soir (pour la troisieme fois) le film "8 Mile" dont le rapper Eminem est le héros principal (film qui retrace en partie son itinéraire) : scène magnifique où , dans un bus pourri ? il traverse des quartiers pourris de Detroit , pour aller au boulot dans une usine où il travaille à l'emboutissage de pieces de carrosserie d'automobiles . Casque vissé aux oreilles il regarde avec une acuité extraordinaire ce qu'il voit dans les rues autour de lui . Et il écrit ! il prend des notes sur des "paperolles" (comme Proust ! oui !) qu'il couvre de mots , de phrases , dans tous les sens . Et ensuite il assemble tout ça en poèmes parlés /criés/hurlés .
EMINEM tout autant que Millet ou Quignard possède (et est possédé) par un puissant "sentiment de la langue" (mais , contrairement à Millet et Quignard) il ne s'enferme pas dans cette sorte d'autisme insensé qu'est le sentiment de la langue pour la langue .
Il existe un en dehors de la langue .Proust le savait .

(désolé cher et accueillant C.C. d'introduire Eminem dans vos pages : mais un "commentaire" peut facilement être mis à la poubelle ! ne vous en privez pas !)

Écrit par : hozan kebo | vendredi, 11 novembre 2005

Je ne connais pas très bien Eminem, ni le rap en général (c'est bien du rap, n'est-ce pas ?), mais je vois aucune raison, eu égard à ce que vous dites de façon si convaincante, de mettre ce commentaire à la poubelle ! Il est sans doute surprenant d'opposer Eminem à Millet, mais ce rapprochement inattendu pose implicitement la question des enjeux (comme on dit aujourd'hui à l'université !) de l'écriture, et plus spécialement de l'écriture poétique, de plus en plus autistique, autarcique, autotélique... Les fans d'Eminem emploieraient, j'imagine, des termes plus imagés !

Écrit par : C.C. | vendredi, 11 novembre 2005

Quarante huit jours de lecture ante et post mortem...

Écrit par : bardo-thodol | vendredi, 11 novembre 2005

Les propos de Kebo me rappellent Druon flattant M.C. Solar, évoquant même avec lyrisme le jour où le premier rappeur s'installerait à l'Académie française. Continuons à nous foutre de leurs gueules comme ça et ils finiront par y foutre le feu, à l'Académie, ou par la transformer en boîte de nuit.
« Ça s'rait trop d'la balle, man, ziva, on obligerait d'Ormesson de chez Ardisson à passer les scuds en habit vert. Didgé Jeand'O ! c'est trop la classe, man ! »

Écrit par : Lapinos | dimanche, 13 novembre 2005

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