Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 29 octobre 2005

L'obscène 5

Exposer en spectacle des photos de soi sur son blog relève de la complaisance ou de l’exhibitionnisme. Livrer à des regards étrangers celles de ses propres enfants, c’est du maquereautage inconscient.

Commentaires

Ah... et pourquoi donc ?

Écrit par : Alina | samedi, 29 octobre 2005

Les termes sont sans doute excessifs, et le propos maladroit. Il ne s'agissait pas, dans mon esprit, de condamner une pratique désormais courante — et la plupart du temps, je suppose, dépourvue de toute arrière-pensée. Simplement, j'ai pour les images la révérence superstitieuse d'un primitif. L'image photographique est une hypostase de nous-mêmes (il y aurait lieu de s'interroger sur le statut ontologique du personnage photographié, au même titre que sur celui du personnage de fiction phantasmé par l'écrivain) : elle n'est pas innocente, indifférente. Que l'adulte tire une jouissance ambiguë de l'exhibition à distance de son visage, de son corps déréalisé par la technique, réduit à un agglomérat de pixels, c'est, dirais-je, "son problème". Qu'il expose à la souillure de regards inconnus (et pas forcément purs ou bienveillants) l'image et, à travers celle-ci, le corps vulnérable, la pureté de l'enfant me paraît vaguement pervers, au moins imprudent, sinon irresponsable...

Écrit par : C.C. | samedi, 29 octobre 2005

"le corps vulnérable, la pureté de l'enfant"...
"la souillure de regards inconnus"...

À moins d'images ouvertement pornographiques, tout cela me semble bien excessif, pour ne pas dire puritain.
Bien sûr l'image n'est pas innocente, mais ce qui fait sens en elle c'est beaucoup le contexte dans lequel elle est présentée.
Des photos d'enfants détruits par la guerre ou la famine, même s'ils ne sont pas "les miens" (quelle différence ?), faisant le tour de la planète pour la sensation de l'information, me semblent beaucoup plus obscènes que celle de mes enfants mis en scène sur mon blog pour dire le bonheur du temps.

Ceci dit, la vie c'est obscène, l'obscène a de multiples visages, mais il serait vain et même dangereux de vouloir l'éradiquer complètement... il reviendrait au galop, au galop d'un cheval emballé, totalement incontrôlé cette fois !

Enfin, une dernière remarque : bien des gens qui n'ont jamais mis les photos de leurs enfants sur un blog les ont bien plus sûrement violentés en leur inculquant la honte de leur intimité ! Je vois chaque jour la souffrance, le mal-être de ces ex-enfants et leur dégoût de la vie.

Quant aux adultes, qu'ils soient exhibitionnistes ou voyeurs, à quelque niveau que ce soit, tant qu'ils sont consentants, selon le terme consacré, qu'ils jouissent comme ils veulent ! "Jouissance ambiguë', dites-vous, et alors ? C'est amoral ? Heureusement vous ajoutez que c'est leur "problème" (ou plutôt celui de ceux qui n'apprécient pas), j'aurais pu croire que vous vouliez jouer les curés de la Toile, C.C., et chez moi les curés on n'en bouffe pas (ça ne sent pas très bon), mais on rit !

Écrit par : Alina | samedi, 29 octobre 2005

Cette note était assurément une erreur ! Je la retire ou je m'enfonce davantage ?
N'ayant pas le temps de développer longuement un plaidoyer pro domo, quelques remarques, dans le désordre :
— je ne crois pas être puritain, ni pudibond. Les images "ouvertement pornographiques" ne me choquent pas, sinon par la laideur et la vulgarité qui en sont assez fréquemment la marque. En revanche, ce qui me gêne, c'est le risque de voir détournées à des fins peu avouables ces images heureuses que vous évoquez ;
— la pornographie la plus scandaleuse, au sens étymologique du terme (celle qui cause la chute, la déchéance) est précisément celle qui détourne indifféremment les images du bonheur ou celles de la douleur pour en faire les instruments de la délectation morose ;
— ce n'est pas parce qu'on est soucieux de préserver son intimité, discret sur ses sentiments aussi bien que sur ses préférences sexuelles qu'on est forcément un "curé" ou un frustré. Je trouve insupportable ces "je t'aime" à l'américaine, qu'on se donne à tout propos et hors de propos, et qui finissent par ne plus rien signifier. De la même façon, je ne vois simplement pas la nécessité de mettre en scène ou en ligne les images de ma vie de famille ou mes galipettes... Peut-être par égard pour ceux qui ne connaissent pas ce genre de bonheur ou de plaisirs...

Écrit par : C.C. | samedi, 29 octobre 2005

C'est une manière de se rassurer, non ? « Dites-moi que je suis belle, que je suis beau, et mes enfants, ne sont-ils pas beaux eux aussi ? » Et les commentaires de branleurs d'affluer…

Et puis c'est toujours laid, plat, la photo. Parfois c'est joli, je pense à Helmut Newton ; mais que seraient les photos d'HN sans les bombes anatomiques qu'il sélectionne en expert-maquereau ?

Je précise que je n'ai jamais zieuté les photos de Mme Reyes et qu'il ne s'agit donc pas d'une attaque ad hominem.

Écrit par : Lapinos | samedi, 29 octobre 2005

Lapinos, merci de votre non-attaque ad hominem.

En effet j'ai réagi parce que j'ai moi-même péché, ici :

http://amainsnues.hautetfort.com/archive/2005/10/07/mon-pays.html

et ici :

http://amainsnues.hautetfort.com/archive/2005/09/27/la-beaute-du-temps.html

Mais j'aime regarder aussi, en tout bien tout honneur faut-il le préciser, et si ces messieurs les blogueurs voulaient de temps en temps nous faire don de leur personne par photo interposée, j'irais voir avec plaisir... Moi je trouve tout le monde beau, ou du moins intéressant, et j'aime lire les images autant que les textes !

Écrit par : Alina | samedi, 29 octobre 2005

C'est le genre de gaffe difficile à rattraper !
Si j'avais pensé un seul instant, chère Alina, que ma remarque pût vous désobliger, je m'en serais abstenu...

Écrit par : C.C. | samedi, 29 octobre 2005

À propos de photographies et, dans un registre un peu différent, de fascination obscène, liée cette fois à la laideur, à la morbidité, connaissez-vous les portraits de Roger Ballen ? Voir sur son site (Galleries) la série "Platteland" - Images from rural South Africa :
http://www.rogerballen.com/

Écrit par : C.C. | samedi, 29 octobre 2005

Très intéressant. Je pense aussi au travail, quoique davantage mis en scène, de Jan Saudek :

http://saudek.hit.bg/

Écrit par : rroseselavy | samedi, 29 octobre 2005

Figurez-vous que je suis beau comme un dieu grec, Mme Reyes (ce n'est pas très éloigné de la réalité), faites un peu travailler votre imagination, je suis certain que vous n'en manquez pas. Je ferai de même, vos commentaires me suffisent pour vous trouver assez honnête femme (parfois un peu conformiste, peut-être) ; je ne voudrais pas tout gâcher en regardant votre reflet dans le miroir.

Écrit par : Lapinos | dimanche, 30 octobre 2005

Eh bien, Monsieur Lapinos, il va me falloir de l'imagination pour me représenter un dieu grec portant un tel nom ! Heureusement je n'en manque pas.

Écrit par : Alina | dimanche, 30 octobre 2005

On trouve bien un Lapithanos dans l'Anthologie grecque, alors, à une syllabe près...

Écrit par : C.C. | dimanche, 30 octobre 2005

Qui était ce Lapithanos ? Un Lapithe ?
C.C., merci d'essayer de m'aider, mais ne trouvez-vous pas difficile d'essayer de se représenter un dieu grec qui ait comme attribut deux longues oreilles ?
Sinon quoi, pour un lapin ?

Écrit par : Alina | dimanche, 30 octobre 2005

On ne sait rien d'Eugathès Lapithanos (= originaire de Lapithê, en Thessalie), sinon qu'il aurait été attiré par les débats philosophiques des disciples d'Épicure...

Écrit par : C.C. | lundi, 31 octobre 2005

Les commentaires sont fermés.