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dimanche, 09 octobre 2005

Le métier des autres

Je tombe, un peu par hasard, sur une note du Stalker, que je trouve bien sévère pour Primo Levi : "J'avoue — dit-il — avoir éprouvé beaucoup de peine à trouver, dans le volume intitulé Le Métier des autres [...] la moindre originalité et, encore, la moindre véritable écriture..." C'est certainement vrai, mais il me semble qu'on ne lit pas Levi pour ses qualités littéraires — d'autant que, le lisant la plupart du temps en traduction, il serait hasardeux de juger de celles-ci. Ce qu'on aime, chez lui, dans les petites proses du Métier des autres en particulier, c'est cette simplicité de ton, cette probité intellectuelle, cette mesure et ce naturel qui, à chaque ligne, révèlent l'honnête homme. Ces "notes pour une redéfinition de la culture" sont aussi dépourvues de pose et d'affectation que les propos recueillis dans les Conversations et entretiens. Une certaine désinvolture en constitue la seule élégance, une légèreté qui, selon la formule de Blanchot, n'exclut pas la gravité — ni la pertinence de l'analyse, comme en témoigne ce jugement sur Rabelais : " ... il nous est proche parce que dans ce formidable peintre des joies de la terre, on sent cette conscience permanente, inébranlable, mûrie par de nombreuses expériences, que la vie n'est pas toute ici. On aurait peine à trouver dans son œuvre une seule page mélancolique, et pourtant Rabelais connaît la misère de l'homme; il la tait parce que, médecin avisé lors même qu'il écrit, il ne l'accepte pas, il veut la guérir..." Ce n'est sans doute ni original ni "écrit", mais cela résume une "suffisante lecture", une exégèse expédiente, qui se soucie moins des gloses érudites que des "pierres vives" du texte.

Commentaires

En effet ces mots sur Rabelais sont simples, forts et justes !

Écrit par : Ray | lundi, 10 octobre 2005

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