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dimanche, 18 septembre 2005

Un avis autorisé 4

Charles Dantzig cherchait depuis bien longtemps à se faire un nom dans les milieux littéraires en s'accrochant comme une tique nécrophile à des cadavres plus ou moins illustres, dont celui de Vialatte. Sa persévérance est enfin récompensée : son Dictionnaire égoïste de la littérature française suscite l'engouement d'une critique décidément prompte à s'enthousiasmer pour les plus misérables impostures. Dans le même numéro du Nouvel Observateur (n° 2132, du 15 au 21 septembre), on consacre deux articles à ce triste gugusse, histrion en gros sabots promu "encyclopédiste aux semelles de vent" par un Jérôme Garcin probablement atteint de sénilité.
Il est facile de jouer l'originalité en méprisant pêle-mêle Montaigne, Ronsard, Claudel ou Aragon — et en portant au pinacle Mérimée, Léautaud ou Jean de La Ville de Mirmont. Cela ne suffit pas à masquer l'indigence du goût et de la pensée.
Deux exemples de la profondeur et de l'acuité d'analyse de ce fin littérateur :
"Barrès n'est pas un mauvais écrivain, mais il le devient lorsqu'il rajoute partout des virgules."
"Je n'aime pas, chez Cioran, la forfanterie dans l'amertume. Mais Cioran n'a jamais été un faiseur pompeux, ni un King-Kong de son propre génie. Voilà pourquoi je ne lui consacre pas de notice." (Loc. cit. supra, p. 104)
J'avoue ne pas saisir toute la finesse logique de cette dernière citation. Quant au propos sur Barrès, cela relève de la brève de comptoir...

Commentaires

Bravo pour ce sain(t) mais difficile travail d'équarissage que vous accomplissez...
Nous devrions créer, sur Haut et Fort, une communauté des nécrophages... Encore que, entre un cadavre et de la merde, il n'y a finalement qu'une différence de couleur...

Écrit par : Stalker | dimanche, 18 septembre 2005

La tâche est sans doute désespérée, mais, selon la formule des "Fourreurs",
"Il [nous] reste du moins cet amer plaisir-là
Vitupérer l'époque" !

Écrit par : C.C. | dimanche, 18 septembre 2005

J'ai feuilleté ce Dantzig, pas très ragoûtant en effet, ça sonne creux !

Écrit par : Ray | lundi, 19 septembre 2005

Je ne suis pas assez cultivée pour commenter ce blog. Confrontée à mes limites!

Écrit par : Xquise | mardi, 20 septembre 2005

Excellent, mon cher Président, et vous êtes, en prime non négligeable, beaucoup plus immédiatement compréhensible que notre camarade Autié. Ce qui vous permet d'aller à l'impact par le droit fil. Continuez dans cette ligne intransigeante. Un bon signe : vous avez saisi l'intérêt du Stalker.
Montclerc

Écrit par : Louis-Ferrand de Montclerc | mardi, 20 septembre 2005

Toutes ces visites d'amis connus et inconnus me flattent. Vos propos sont "comme une huile précieuse, répandue sur la tête et découlant sur la barbe d'Aaron" !
Xquise, ne soyez pas trop humble. Vous voyez bien, vous paraphrasez la formule de l'Œdipe de Sophocle : "Ma règle est de me taire quand je n'ai pas d'idée."
Quant à vous, cher Louis-Ferrand de Montclerc, on attend votre propre blog avec une impatience difficile à contenir !
C.C.

Écrit par : C.C. | mardi, 20 septembre 2005

"comme une huile précieuse, répandue sur la tête et découlant sur la barbe d'Aaron"

J'aurais juré que c'était la remière page des "Fruits du Congo" mais en vérifiant je m'aperçois que non, ce doit donc être celle de "Battling", un de mes romans préférés (je suis d'autant moins excusable de ma confusion). Je ne connais pas le Dantzig mais cette appropriation du premier traducteur de Kafka vous devez peut-être savoir qu'il existe une sorte de culte snobinard de Vialatte dont la statut de "notoirement méconnu", selon la formule de l'apôtre Jean Dutour, excite chez les gendeulettreus la muqueuse de la distinction. Qu'il vende 50000 exemplaires, et il leur faudrait trouver un autre grand-écrivain-méconnu-dont-le-nom-séchange-comme-un-sésame-et-dont-les-amateurs-forment-une-sorte-de-secte.
Savez-vous par ailleurs que c'était l'écrivain préféré de Desproges?
Salutations.

Écrit par : OrnithOrynque | mardi, 20 septembre 2005

La formule biblique, paraphrase du psaume 133:2, se trouve bien dans les premières pages des "Fruits du Congo", dans le discours d'accueil du Principal, M. Vantre, surnommé "Buffalo" :
"Sa première classe fut pour nous dire que nous étions là, et que c'est "comme une huile qui vous coule sur la barbe" ; car il ne reculait devant aucune métaphore, et il en puisait dans la Bible. Il nous dit plus exactement, que le plaisir d'être entre frères ressemblait à "une huile précieuse qui s'égoutte de la tête sur la barbe d'Aaron et qui descend jusqu'au bord de ses vêtements". En même temps, il caressait la sienne qui descendait jusqu'au bord de sa jaquette et qui était toute dorée de chartreuse..." (édition Folio, 1984, p. 19)
"Les Fruits du Congo" sont un des plus beaux textes sur l'adolescence que je connaisse. À placer tout près du "Bonheur des tristes" de Luc Dietrich et des "Domaines hantés" de Truman Capote...
Naguère, sur le site de la librairie Chapitre, on trouvait Vialatte à la rubrique "Alpinisme". À cause des chroniques de "La Montagne". Authentique !
C.C.

Écrit par : C.C. | mercredi, 21 septembre 2005

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