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Livres en feu
Le copieux essai de Lucien X. Polastron, Livres en feu — sous-titré Histoire de la destruction sans fin des bibliothèques (Denoël, 2004 ; "Folio/Essais", 2009) — se lit avec effroi et jubilation. L'érudition impressionnante est servie par l'élégance du style, un humour souvent amer (ce qui est presque un pléonasme) et une ironie volontiers féroce. Polastron tient du savant polymathe de la Renaissance et du moraliste désabusé (autre formule redondante). On aime qu'il ne dissimule pas son mépris pour l'orgueilleuse nullité des politiques, la courte vue des technocrates ou la forfanterie des imposteurs à la mode, versant des larmes de crocodile sur les cendres de livres qu'ils n'auraient, de toute façon, pas lus...
mardi, 01 décembre 2009 | Lien permanent | Commentaires (11)
Diem perdidi 4
J'aurai passé une bonne partie de mon lundi à chercher — en pure perte — l'exemplaire de l'Espace littéraire que je croyais avoir rangé sur un rayon accessible de ma bibliothèque. J'ai retrouvé, en revanche, un certain nombre d'ouvrages oubliés — la plupart obscurs, inutiles et, pour certains, jamais lus, comme ce Triomphe de la Mort de Gabriele d'Annunzio ou un Traité de l'examen des crachats, de Fernand Bezançon et S.I. de Jong (Masson et Cie, 1912), agrémenté de planches hors-texte sous papier cristal. Voilà à quoi conduit l'accumulation compulsive et vaguement fétichiste de livres en tout genre. Ainsi Aristote ou Boris de Rachewiltz se retrouvent-ils, au fond d'un placard, en compagnie de Lin Yutang ou Guido Morselli. Et, quoi qu'ait pu en écrire, justement, Blanchot, les livres qu'on ne lit pas existent, et prennent de la place. Ils sont la mauvaise conscience du bibliomane.
À propos du culte — ou de la haine — des livres, des thèmes connexes de la "bibliothèque de Babel" et de la "bibliothèque en feu", on ne saurait trop recommander la lecture du substantiel essai de Lucien X. Polastron, Livres en feu. Histoire de la destruction sans fin des bibliothèques (Folio/Essais). Une somme érudite, avec l'intelligence et le grain de sel qui font trop souvent défaut aux ouvrages savants. Blanchot, toujours : "La gravité n'exclut pas la légèreté." Je ne peux, hélas ! vérifier l'exactitude de la citation...
lundi, 05 octobre 2009 | Lien permanent | Commentaires (3)
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