Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 13 octobre 2016

Livres 6

Matinée froide et pluvieuse.
J'écoute le huitième livre des Madrigali guerrieri et amorosi de Monteverdi (Concerto Italiano/Rinaldo Alessandrini) en feuilletant la correspondance Jacques Chessex/Gustave Roud (Correspondance 1953-1976, Gollion, éd. Infolio, 2011).
Dans un article consacré à Gustave Roud, donné en annexe du livre, Jacques Chessex rapporte ceci : " Un écrivain parisien fort influent, auquel on demandait quels étaient les poètes de langue française qu'il aimait le mieux, dans ce demi-siècle, répondit qu'il n'en chérissait qu'une douzaine — il y avait trois Vaudois parmi eux, Pierre-Louis Matthey, Edmond-Henri Crisinel et Gustave Roud. Le malheur, ajoutait-il, est qu'on les connaît peu en France (une cinquantaine de lecteurs au plus, tous des poètes ou des artistes) et que la Suisse, presque autant que la France, semble les ignorer." (Texte publié dans la Gazette de Lausanne, 21-22 juillet 1956)
Je possède les trois petits volumes rassemblant les Écrits de Gustave Roud (Lausanne, Bibliothèque des Arts, 1978), mais on connaît encore si peu, en effet — un autre demi-siècle plus tard —, Pierre-Louis Matthey et Edmond-Henri Crisinel qu'il est à peu près impossible de trouver leurs œuvres, sinon auprès de rares bouquinistes, et à des prix exorbitants.
Je vais peut-être, tout de même, me laisser tenter...

Occasion de relire quelques pages des belles proses, poétiques sans afféterie, de Gustave Roud.
"La première feuille ternie me guide vers un silence chargé de remords. Déjà ! Chaque jour le vent va donc perdre un peu de sa voix, feuille à feuille ! Un mois, deux mois encore, et il ne sera plus qu'un sifflement stérile à travers les branches nues ? Ah n'avoir pas fait silence tout l'été pour surprendre son chant infatigable et ce qu'il disait sans relâche, nuit et jour, d'un bout à l'autre du monde, bondissant du fond de l'horizon parmi les vergers et les forêts, pliant d’un seul coup les cimes et leur poids de feuilles fraîches ! Trop tard, trop tard. Le secret n'est pas dit, qui eût cédé peut-être à un peu plus d'humilité et d'abandon. Voici voleter à mes pieds une petite chose sans force, jaune comme un soleil de cinq heures, terrible : la première feuille morte." (Campagne perdue in Écrits, III)

Les commentaires sont fermés.