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jeudi, 04 décembre 2014

Acedia 3

Lassitude et morosité.
On peut toujours se dire que c'est le temps qu'il fait, la "mouillance"  et le froid, la saison, la nuit qui tombe de plus en plus tôt... Non, c'est l'âge et le temps qui passe, les fantômes qui vous assaillent à peine a-t-on fermé les yeux, le dégoût des choses les plus quotidiennes, les plus nécessaires.
Il faut se protéger, s'entourer de rituels, de propitiations dérisoires et vaguement ridicules. Stratégies d'évitement, d'élusion. Échappatoires, faux-fuyants, procrastinations. La plupart des tâches que nous impose la vie en société, rançon de notre confort ou de notre sécurité, sont passablement fastidieuses. Je comprends à présent ce vieux cousin, célibataire indolent et rustaud, qui, sur ses vieux jours, se donnait rarement la peine de répondre au téléphone et laissait s'entasser sur sa vaste table de cuisine le courrier qu'il n'ouvrait plus.
En ces temps de bougeotte frénétique, je n'aspire qu'à une sédentarité quasi recluse : "Tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas se tenir en repos dans une chambre." J'y parviens assez bien, parmi les livres où nul chat ne passe plus. En compagnie de "mes bons hôtes muets", seul, au fond avec moi-même. Délectation narcissique : "Quand nous lisons, nous ne cherchons pas des idées neuves, mais des pensées déjà pensées par nous, à qui la page imprimée donne le sceau d'une confirmation." C'est ce qu'écrivait Cesare Pavese — qu'on ne peut guère évoquer sans songer à sa fin, sans songer à la nôtre.
"Scenderemo nel gorgo muti."