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jeudi, 11 septembre 2014

Petites perambulations hexagonales 5

Brève escapade, ce début de semaine, en pays aveyronnais.
Musée Soulages : files d'attente à la billetterie, groupes d'écoliers pique-niquant sur les pelouses du Foirail, cars de retraités béquillards... Le battage médiatique a porté ses fruits. On vient, on voit, on prend un verre au "Café Bras", on s'en va, un peu perplexe.
Pour ce qui me concerne, cette peinture pour aveugles, sans âme, ne me touche guère. "L'outrenoir", anagrammatisé, c'est "le trou noir" : toute pensée, tout sentiment s'y abîme — et toute signification. Les quelques gloses accompagnant les différentes séries d'œuvres, vouées à la redondance et à la verbigération prétentieuse, semblent n'avoir d'autre finalité que de renvoyer le spectateur lambda à son béotisme.
Nous retrouverons Soulages à Conques, avec ces vitraux dont l'opalescence douteuse évoque la vitrine mal débarbouillée d'un badigeon de blanc d'Espagne et tamise tristement la lumière du dehors.

Entre Rodez et Conques, courtes haltes dans des bourgs pleins de charme : Bozouls, Espalion, Estaing et Villecomtal, où nous hébergerons "Chez Picou", café-hôtel-restaurant à l'ancienne, trop authentique pour être pittoresque. Nous dînons en compagnie de quelques hôtes de passage ou pensionnaires. La table est copieuse — cuisine maison et spécialités locales, tripoux, aligot, que nous accompagnons d'une bouteille de vin d'Estaing —, la chambre d'une simplicité monacale. La fenêtre donne sur une rue étroite où stationnent quelques voitures. Deux chats se sont pelotonnés, pour dormir, sur la capote d'une vieille deux-chevaux.

Au retour, étape à Salers, dont le nom évoque la gentiane, le fromage et les bœufs rouges, célébrés par Michelet dans son Tableau de la France. Belles demeures de pierre grise, austères, naguère cossues, et, à tous les rez-de-chaussée, boutiques de produits du terroir, échoppes d'artisanat, poterie, tissage, cuir et bijoux — bref, ce que l'on trouve de Bretagne en Provence, partout où l'on trouve le touriste.

Commentaires

Vos récits de pérambulation m'évoquent, maintenant que j'ai découvert les superbes récits de voyage de Nicolas Bouvier, le style de ces derniers : des phrases assez longues, serties d'adjectifs et de substantifs choisis, dont le lyrisme naissant est joliment brisé, de temps à autre, par des phrases nominales, s'apparentant à des "notes" de voyage, qui arrivent à point pour rythmer et muscler le tout.
Peu savent que l'Aveyron est une belle région, pleine de simplicité et de caractère. Merci d'en avoir déposé ici quelques reflets.
Amitiés,

Écrit par : Marsyas | vendredi, 12 septembre 2014

@Marsyas — Vos visites sont toujours un plaisir. Je dois avouer — à ma grande honte — que je n'ai jamais rien lu de Nicolas Bouvier. Plus on vieillit, plus on s'effraie de ses lacunes !
Que devenez-vous ? Avez-vous regagné l'Alsace et retrouvé vos têtes (plus ou moins) blondes ? Me voici à présent bien éloigné des angoisses pédagogiques ; "et ne me fault plus dorenavant que bon vin, bon lict, le dos au feu, le ventre à table et escuelle bien profonde". De temps en temps, tout de même, quelque petite escapade dans un coin de notre France profonde — notre "doulce France", si riche en belles et bonnes choses...
Bien amicalement. Et, comme disait Fernand Raynaud : "Si vous passez par chez nous..."

Écrit par : C.C. | dimanche, 14 septembre 2014

J'ai subi les foudres du grand Algorithme, divinité du mouvement si capricieuse, faute peut-être d'une hécatombe suffisante au Diplôme National du Brevet... On m'a envoyé en région parisienne, où les têtes sont moins blondes qu'en Alsace, et leurs propriétaires plus toniques - voire plus tonique-ta-race. C'est le destin.
Je ne manquerai pas de vous faire signe le jour où je passerai dans vos contrées. Je vous invite chaleureusement à faire de même lorsque vous traverserez le Val-d'Oise, région qui n'a tout de même pas été élue par les impressionnistes pour rien.

Écrit par : Marsyas | dimanche, 14 septembre 2014

Moi non plus, je ne trouve pas Soulages très convaincant.

Écrit par : Ph. Billé | dimanche, 21 septembre 2014

Estime toi heureux. Tu n'es apparemment pas passé par Laguiole.

Écrit par : Patrice | mardi, 23 septembre 2014

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