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jeudi, 03 avril 2014

Eymoutiers

Rebeyrolle 4.jpgNous profitons d'une journée qui s'annonce grise et vaguement pluvieuse pour une escapade en Limousin : depuis longtemps je me promets de visiter l'Espace Rebeyrolle, à Eymoutiers.
J'en reviendrai proprement sidéré. La peinture de Rebeyrolle appelle le superlatif et l'oxymore : toiles démesurées où fermente et dégouline une matière épaisse, ici figée comme une lave refroidie, craquelée, écailleuse et friable, là, travaillée, devine-t-on, de sourdes fermentations, grouillante, sanieuse, sanguinolente. Des sédiments terreux esquissent de vagues orographies où ruissellent des fluides, où s’enchâssent d'érugineuses immondices ; des haillons s'accrochent à des moignons de branches... Voici des corps, convulsés, meurtris, saisis dans les contorsions de la souffrance ou de l'orgasme, des viscères, des poils, résidus de poubelles d'hôpital ou d'abattoir. Intérieurs vides et glacés, asiles ou mausolées, singes et chiens. On redoute à tout moment que le cauchemar s'anime, que le pandémonium se déchaîne, que le silence se déchire, que des rugissements telluriques secouent ces paysages tout juste émergés du chaos primordial, que les hurlements des torturés, les vagissements des fantômes, le bafouillis des ivrognes ou des déments débondent en mascaret dans les couloirs et les salles.
Au-dehors, l'air un peu frais rompt le "noir enchantement", la "Fontaine de Jouvence", macabre allégorie, pissote son petit jet verlainien.
Nous n'irons pas jusqu'à Tarnac, où je dois avoir encore quelques lointains cousins. Il est un peu tard, aussi, pour un pèlerinage littéraire sur les terres "siomoises" de Richard Millet ou à Taphalescha, au nom évocateur de mines d'or et de cavaliers sauvages.
Retour donc, sous un ciel triste, par le lac de Vassivière, Felletin, Aubusson : le plateau de Millevaches et les mélancoliques campagnes de l'ancienne Marche. Nous dînerons, au retour, des rillettes d'oie et du gros pain de campagne achetés au marché d'Eymoutiers.

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