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dimanche, 29 décembre 2013

Livres 4

Richard Millet est indiscutablement l'un de nos bons auteurs (laissons les superlatifs de quatrième de couverture aux gloires marcescibles des prix littéraires) et un prosateur remarquable — je l'ai déjà dit. Je retrouve avec bonheur, dans La Voix d'alto, ces longues phrases, l'usage systématique de l'hypoparataxe, de ce "style qui n'a pas de fin par lui-même" (Aristote, Rhétorique, III, 9), les voix alternées des instances narratives, cet arrière-texte où fermentent d'âpres nostalgies. Et les multiples références, musicales, littéraires, avec juste ce qu'il faut d'ironie discrète pour s'assurer de la connivence du lecteur — qui pourrait s'irriter de ne pas connaître les airs de cour de Chabanceau de La Barre ou les Leçons de Ténèbres de Lambert...
Pas encore lus, mais à portée de main : Jean Clair, Courte histoire de l'art moderne, L'Échoppe, 2004 ; Maurice Constantin-Weyer, L'Âme du vin, La Table Ronde, "La Petite Vermillon", 2008 ; Arun Kolatkar, Kala Ghoda. Poèmes de Bombay, Poésie/Gallimard, 2013.
Cousin par alliance de Valery Larbaud, Constantin-Weyer, qui finira ses jours en Bourbonnais, évoque avec quelque malice les petits vins du cru : "Le vin de Creuzier avait une réputation. Entre nous, il fait surtout merveille dans la salade. Vous pouvez m'en croire. Nous avons une vigne à Creuzier." Il reconnaît toutefois que l'on peut, en rouge ou en blanc, boire d'excellentes bouteilles de ce saint-pourçain trop souvent et trop longtemps méprisé.
Il est question de vin aussi chez Arun Kolatkar, de raisins qui,

"lors que les filles des vignes les foulent de leurs pieds,
aspirent à plus grande gloire
après pénitence prolongée,
temps de silence et de réclusion
dans un obscur cellier".

Sur ma table encore, qui sera vite lu, Le Vin et le divin, de Jean-Robert Pitte (Librairie Arthème Fayard, 2004). On y cite la Bible, le Coran, la règle de saint Benoît, les Propos de table de Luther, Wang Han et Omar Khayyam.

Comme je remarquais, il y a quelque temps, que je ne disposais d'aucune bonne édition de Rimbaud — que d'ailleurs je fréquente peu — je me suis vu offrir à Noël le volume de ses Œuvres complètes en Pléiade. Nouvelle édition (2009) qui force le respect, ne serait-ce que par l'abondance de notes et documents accompagnant les textes (au total, quelque 1100 pages). La tranche supérieure du livre est d'un beau vert, qui fait naturellement songer aux "Poètes de sept ans" :

"Il craignait les blafards dimanches de décembre,
Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou,
Il lisait une Bible à la tranche vert-chou."

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