dimanche, 25 octobre 2009
Contre les dégoûts de la vie
Si Bartleby et compagnie d'Enrique Vila-Matas n'est pas de ces "livres qui nous apprennent à danser" — il y a un peu trop de mélancolie là-dedans —, ce n'en est pas moins un petit livre comme on aimerait en avoir plus souvent, ironique et intelligent, suite de "notes de bas de page destinées à commenter un texte invisible" — ce qui, soit dit en passant, pourrait être une assez bonne définition de nos blogs. Étonnante galerie d'auteurs ratés, stériles, suicidés de la littérature ou ayant délibérément pris le parti du silence... Cela se lit en peu de temps, et c'est excellent.
J'aime ce passage où le narrateur rapporte ce propos de Julien Gracq : "La nuit tombant, l'heure approchant de prendre congé de Gracq, celui-ci nous a parlé de la télévision. Il nous a dit qu'il lui arrivait de l'allumer et qu'il n'en revenait pas de voir les présentateurs des émissions littéraires se comporter comme des marchands de tissu avec leurs échantillons." C'est un peu moins brutal que ce que disait Raymond Cousse de Bernard Pivot, mais c'est le même constat atterré de la vulgarité et du mercantilisme qui achève de gangrener ce qui nous tient lieu de culture...
20:03 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Pourriez-vous m'indiquer quelques livres qui vous ont appris à danser?
Attentivement vôtre
Écrit par : brindamour | mercredi, 28 octobre 2009
Chardonne évaluait à quatre ou cinq cent le nombre de vrais lecteurs à Paris, pas plus. La littérature n'a pas le caractère universel qu'on lui prête. Hergé est beaucoup plus universel que Céline, mais ce n'est pas vraiment de la littérature.
Le rôle qu'a pu avoir jadis la mythologie grecque, jusqu'à soutenir une civilisation romaine largement coupée des principes grecs religieux et scientifiques, la Bible dans le christianisme, dans une moindre mesure le théâtre de Shakespeare (conçu pour être lu à plusieurs niveaux), ce rôle c'est désormais le cinéma qui le remplit ; la littérature fait désormais largement partie du domaine de la nostalgie, un des meilleurs arguments de vente qui soit. La mode, excellent moyen d'incitation à la consommation, fonctionne sur le mode du recyclage et de l'éternel retour des vieilles lunes.
Je crois que vous devez chercher l'éclat de la nouvelle lune dans le cinoche, Copronyme, plutôt que dans la littérature. J'ajoute, mais vous le savez déjà, que de la lune à la merde le voyage n'est pas long.
Écrit par : Lapinos | jeudi, 29 octobre 2009
@ brindamour : votre demande relève plutôt d'un échange par mail (constantin.copronyme@orange.fr).
Écrit par : C.C. | vendredi, 30 octobre 2009
"de la lune à la merde le voyage n'est pas long"... La pin(e) os(e) ?
Écrit par : RPH | vendredi, 30 octobre 2009
@ RPH : Incorrigible !
Écrit par : C.C. | vendredi, 30 octobre 2009
Copronymou, je n'aime pas lorsque vous êtes radical...
Tout n'est pas à jeter.
Écrit par : Mademoiselle C. | dimanche, 01 novembre 2009
J'aime quand CC est radical, je recherche ici des radicelles ( et je suis prêt à donner un brin de céleri à Edward G. Robinson)
Écrit par : flivo | lundi, 02 novembre 2009
Je commenterais bien le livre de Vila-Matas, mais finalement, je préfère pas...
Écrit par : ab | mardi, 03 novembre 2009
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