lundi, 06 juillet 2009
Petites perambulations hexagonales
Mardi, vendredi — Morvan, Bazois, Tonnerrois... Départementales désertes, si étroites qu'on redoute de croiser quelque attelage agricole qui nous expédierait au fossé. Au bord de la route, merisiers chargés de petits fruits noirs qui tachent les doigts et les lèvres, et que personne ne daigne cueillir. Pique-nique au bord de la rivière à Noyers-sur-Serein, où tout un peuple d'hirondelles niche sous les encorbellements des vieilles demeures, virevolte, gazouille, souille le pavé de fientes blanchâtres. Touristes, déjà. Une petite femme pincée feint s'intéresser aux vitrines pendant que le roquet qu'elle traîne en laisse crotte laborieusement au bord du trottoir. Lormes : du cimetière qui domine le bourg, le regard porte jusqu'à Vézelay. Peu sensibles sans doute à la poésie du lieu, des visiteurs ont laissé, dans une chapelle funéraire saccagée, bouteilles vides, étrons et aniterges. Porcs, adeptes du crapping sauvage. On pense à Dutronc, chantant, il y a quelques années de cela, "Merde in France"...
Samedi, dimanche — Landes, Chalosse, Béarn... Campagnes vertes et grasses, vaguement assoupies dans la paix d'un week-end estival. Dîner un peu décevant à Amou : la cuisine est toujours plus belle dans le souvenir qu'on en garde. La tendreté des aiguillettes de canard, l'aimable vin du pays et le bouquet du vieil armagnac ne suffisent pas à faire oublier la triste banalité de la terrine ni l'amertume bourbeuse d'un café abject. Hideur des environs de Mont-de-Marsan : chantiers, friches, entrepôts, no man's lands industriels alternent avec des arpents de forêt dévastés par les dernières tempêtes, dont il ne reste que chicots et chablis. Il faut s'éloigner des zones urbaines pour retrouver, plus au nord, la beauté des vignobles et des vergers, les villages et l'ombre rose des grands albizias.
22:42 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
J'ai quelques cacapoums tenaces en tête ; je crois vous les devoir.
(C'est peut-être du dernier snob mais je ne crois pas avoir bu de bon café depuis que j'ai refranchi les Alpes.)
Écrit par : aymeric | mercredi, 08 juillet 2009
Bonnes tables d'été malgré tout, Constantin !
Écrit par : grapheus tis | jeudi, 09 juillet 2009
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