vendredi, 15 mai 2009
En feuilletant le Nouvel Obs.
Si le discours culturel est aujourd'hui accaparé par les bonnisseurs et les fumistes, préférons du moins ceux qui ont du goût, de l'intelligence et quelque talent. Sollers, quoi qu'on puisse en penser, est de ceux-ci ; en dépit d'un titre racoleur à souhait, l'article qu'il consacre à Cioran est un bel "exercice d'admiration", troussé avec élégance. On préfère ce genre de chose aux considérations démagogiques d'un Onfray, qui applaudit au saccage de Montaigne, modernisé par un cuistre ou... retraduit du japonais par un pitre polyglotte.
17:01 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Oui, j'ai vu ce livre de Michel de "?" traduit "en français moderne" (sic) J'ai cru à une blague d'abord... Hélas... Mais je vais me débrouiller pour en rigoler, cela étant. Vais voir Sollers/Cioran tout en sachant qu'ils sont moins clowns que certains de nos incontournables suppositoires culturels. Pôvre France...
Écrit par : Martin Lothar | vendredi, 15 mai 2009
Sur votre bon conseil, j'ai lu l'article de Sollers sur Cioran, en effet excellent. Sollers m'a toujours paru meilleur lecteur que romancier. Je n'ai pas bien compris l'affaire du passage de Montaigne retraduit du japonais. Par contre je suis comme vous savez favorable aux versions modernisées de textes devenus difficiles à lire, surtout pour ma pauvre âme fatiguée. Ces modernisations ne sont pas nécessairement faites en dépit du bon sens, et elles permettent d'approcher l'oeuvre, sans interdire de retourner au texte original si l'on souhaite s'assurer d'un point.
Écrit par : Ph. | mardi, 19 mai 2009
@Ph. : sur ce Montaigne traduit du japonais, je n'en sais guère plus que ce que j'ai pu lire dans le "Nouvel Obs." ou sur le site d'Amazon. La chose, intitulée "Vivre à propos", consiste en la réécriture, à partir de la version japonaise, de deux essais du livre III (" De l'expérience " et " Sur des vers de Virgile "). Michel Onfray justifie cette translation — qui tient du canular ou d'une approche pataphysique du texte — par l'affirmation que "la forme" importerait moins que "le fond". Ce qui est pour le moins inattendu de la part d'un philosophe, ayant à ce titre lu Hegel : "C'est dans les mots que nous pensons." ("Encyclopédie", § 462) Toutefois le respect du texte n'est pas incompatible avec une modernisation des graphies : l'excellente édition d'André Tournon (Imprimerie Nationale, 1998, 3 vol.) est, de ce point de vue exemplaire, d'autant qu'elle restitue une ponctuation et des majuscules trop souvent malmenées par des éditeurs qui n'en ont pas compris la portée.
Écrit par : C.C. | mercredi, 20 mai 2009
Bof, pas de différence entre Onfray et Sollers. Il faut les regarder au microscope pour trouver des différences. Mêmes compilations et petites entreprises d'exploitation de la veine kulturelle.
Il faut dire que contrairement à Onfray, Montaigne ne m'intéresse pas et que je vois Cioran comme une de ces pleureuses professionnelles antiques qui possèdent tout un tas de trucs pour se tirer le chagrin du fond de la gorge. Cioran s'immisce dans une tradition française qui n'est pas celle de la pleurnicherie de bonne femme en dehors du Tartuffe et du carreur de quart de cercle auvergnat, radin de talent, Blaise Pascal, le genre de face de carême contre laquelle aucune nation ne peut se prémunir complètement.
(Du reste Montaigne est sûrement moins près de la religion des mots que Hegel ou Nitche. Mais plus près que Rabelais, qui s'en moque comme Shakespeare.
De la part d'un type qui a fondé une université "populaire", donner dans l'intellectualisme relève de la bêtise ou de l'imposture, du pacte avec les bobos.)
Écrit par : Lapinos | lundi, 25 mai 2009
@ Lapinos : Bien pire que Pascal, la troupe grisâtre de ses scoliastes... Cela dit, vous avez toujours une approche assez personnelle de nos classiques !
Écrit par : C.C. | lundi, 25 mai 2009
Le problème de la quadrature du cercle, qui est celui de la différence entre la géométrie et l'algèbre, les figures (qualité) et les nombres (quantité) a été résolu dès l'Antiquité ; il l'a été de nouveau à la Renaissance. Pourquoi remettre ça sur le tapis comme font Pascal ou Descartes ?
De fait je n'ai pas les mêmes goûts littéraires ou artistiques qu'un banquier, par exemple, qui peut trouver la religion de croupier de Pascal séduisante ; si c'est ça que vous voulez dire par "approche personnelle".
En outre Pascal n'a pas demandé qu'on brûle ses "Pensées" ? Dans ce cas je suis son seul fidèle.
Écrit par : Lapinos | mardi, 26 mai 2009
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