mercredi, 23 janvier 2008
Littérature underground
Dans le métro — Mon voisin — gros velours et remugle de gauloise — se plonge dans la lecture d’un livre de poche dépenaillé dont je n’ai pu voir la couverture. La tranche, d’un rouge de sang frais, contraste étrangement avec le jaune sale des pages à demi détachées. Typographie un peu grasse et serrée, caractères minuscules. Je n’ose pas me lunetter pour tenter de déchiffrer le titre courant et satisfaire ma curiosité. Un livre de poche à tranche rouge : je pense à ces auteurs à peu près oubliés qu’on lisait dans les années soixante, aux romans interdits qui occupaient les mornes études du dimanche, à l’Aphrodite de Pierre Louÿs qui m’avait été confisquée en cours de musique… Même les livres dont on ne sait rien peuvent nous faire rêver.
15:00 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
J'aime beaucoup cette note.
Écrit par : Ph | jeudi, 24 janvier 2008
J'ai eu envie d'aller voir au grenier (les tranches rouges).
Écrit par : Flivo | jeudi, 24 janvier 2008
Ah ! Cette vieille curiosité de lecteurs ! Il y avait beaucoup de tranches rouges dans le Livre de Poche des années cinquante. Allons ! Parions qu'il s'agit du Zéro et l'Infini de Koestler. Ça nous ramènerait à votre acheteur d'hier.
Curieux ! Manguel me laisse froid. Sans doute est-ce de l'envie ? Il m'aurait, comme "coupé l'herbe sous les pieds".
Écrit par : grapheus tis | mercredi, 30 janvier 2008
Temps pertubé : votre acheteur sera celui du lendemain.
Écrit par : grapheus tis | mercredi, 30 janvier 2008
À tous : pardonnez ma négligence, je n'ai guère eu le temps de répondre à vos petits mots "connivents" — dirait l'excellent D.A. — mais ils ne me laissent jamais indifférent.
G.T. : l'auteur (ou co-auteur) de l'indispensable "Dictionnaire des lieux imaginaires" me paraît surtout plaisant dans le négligé, la note sur le ton de la conversation, façon Jules Renard. J'ai beaucoup aimé son "Journal d'un lecteur". Son "Histoire de la lecture", comme "La Bibliothèque, la nuit", n'échappe pas à des lourdeurs — qui sont peut-être la rançon de certaine vulgarisation érudite. Le très mince "Borges" n'est pas désagréable ; A.M. y fait observer avec quelque malice que l'on "pourrait construire une histoire de la littérature tout à fait acceptable comportant uniquement les auteurs que Borges rejetait" ! Suit une liste dans laquelle figurent entre autres Rabelais, Flaubert, Balzac, Lovecraft, Boccace, etc.
Écrit par : C.C. | vendredi, 01 février 2008
Les commentaires sont fermés.