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lundi, 13 novembre 2006

Glauque

Si vous employez l’adjectif glauque comme synonyme expressif de "lugubre, sinistre", il se trouvera toujours quelque puriste pour vous rappeler que le mot, à l’origine, signifie "d’un vert blanchâtre ou bleuâtre comme l’eau de mer" (T.L.F.) — quelqu’un a fait observer que la proximité, dans le dictionnaire, des entrées "glaire" et "glaviot" n’est peut-être pas étrangère à cette évolution sémantique entérinée par le Petit Larousse. Quoi qu’il en soit, l’épithète glauque est la première qui me vient à l’esprit pour qualifier la prose des frères Vaïner dans L’Évangile du bourreau (Folio — remarquable traduction de Pierre Léon), texte déprimant jusqu’à la nausée. Littell, du coup, fait un peu moins figure d’exception, avec son pavé dont tout le monde parle, et parfois sans l’avoir lu. Et c’est bien là le problème : la critique s’ébaubit, encense ou clabaude, mais prend-elle seulement le temps de lire avant de faire ou défaire les réputations littéraires ?

Commentaires

Je voudrais, non pas justifier les critiques qui disent du bien de Littell sans l'avoir lu, mais les expliquer : une fois qu'on l'a lu, c'est tout bonnement impossible d'en dire du bien.

Écrit par : Lapinos | lundi, 13 novembre 2006

Mutatis mutandis, les "Bienveillantes" sont très comparables aux "Versets sataniques" : tout le tapage fait autour du livre n'a pas grand-chose à voir avec la littérature. Kundera — même si vous ne l'appréciez guère — a dit là-dessus des choses assez justes...

Écrit par : C.C. | lundi, 13 novembre 2006

Oui, quelle chance cette fatoua pour Rushdie, j'espère qu'il en remercie Allah tous les jours, sans quoi on aurait complètement oublié jusqu'à son nom aujourd'hui.

Bien que je n'accroche pas non plus beaucoup à la littérature "préméditée", ses romans ne m'intéressent pas, je préfère Gombrowicz à Kundera, dans le genre chiant.

Écrit par : Lapinos | mardi, 14 novembre 2006

J'ai lu "L'évangile du bourreau" le mois dernier. Je n'avais pas pensé à "glauque" pour qualifier ce livre qui m'a marqué. Mais une amie très proche n'a pas réussi à aller jusqu'à la fin...
Juste après les frères Vaïner, quelle coïncidence, j'ai relu les entretiens de Gombrowicz avec Dominique de Roux, c'est drôle et intelligent.

Écrit par : L. S. | mardi, 14 novembre 2006

Quels entretiens ? Ceux où il met la philosophie moderne en pièce, par une sorte de dépit ? Cette expression de littérature "préméditée", elle est de Gombro.

Écrit par : Lapinos | mercredi, 15 novembre 2006

Si je tentais (comme le fait Michel Tremblay dans "Un ange cornu avec des ailes de tôle") un inventaire des livres qui m'ont marqué — ou qui ont compté pour moi à un moment donné — "Ferdydurke" y figurerait en bonne place. Je ne l'ai pas relu depuis bien longtemps, pas plus que les autres fictions de Gombrowicz. En revanche, je feuillette toujours son "Journal" avec plaisir, et son "Contre les poètes" vaut bien le "Jacques Prévert est un con" de Houellebecq.

Écrit par : C.C. | jeudi, 16 novembre 2006

"Ferdydurke", moi, pas pu. Gombro lui-même en dit du mal dans certain entretien avec DDR, je crois qu'il le prend justement comme exemple de "roman prémédité", c'est-à-dire à thèse. Ça me fournit une bonne excuse.

Écrit par : Lapinos | jeudi, 16 novembre 2006

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