vendredi, 02 juin 2006
Pattes d'ours 5
"Nous restons en silence au pied de l'escalier. Puis je gravis une marche après l'autre, pendant que les autres hésitent derrière moi, m'imitant pas à pas. L'escalier monte rapide, direct, décidé. Au premier étage, il donne sur un grand salon. Les fenêtres sont fermées par des volets et par des rideaux à l'intérieur. Les meubles gisent dans l'ombre. Au milieu de la pièce, entre les deux fenêtres, un immense ours lève la patte, menaçant. Nous crions toutes. Nous restons tremblantes sur la dernière marche. L'ours maintient immobile sa menace. Et peu à peu, pendant que la sueur glisse, glacée, entre nos omoplates et que notre cœur tambourine dans nos oreilles, la pénombre se dissipe et l'ours révèle ses yeux de verre, ses chairs embaumées"
(Ginevra Bompiani, Le Grand Ours, Stock, 1994)
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Commentaires
Prescience enfantine de la brutalité du mâle. "En tout ce qui concerne la chasse à l'ours, les femmes sont soumises à des interdits analogues [...] ces traditions relèvent d'une magie protectrice, la femme risquant d'être assaillie par l'esprit de la bête, précisément à cause de son sexe." (Chevalier-Gheerbrant, ibid.)
Écrit par : Blind Horse | samedi, 03 juin 2006
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