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mercredi, 22 mars 2006

Chienlit

En parcourant Contre les poètes, de Gombrowicz, je tombe sur ce passage d'un entretien avec François Bondy :

"F. Bondy — Y aura-t-il un pouvoir étudiant ou d'autres formes du pouvoir de la jeunesse ?
W. Gombrowicz — Mais non ! L'être jeune ne cherche pas le pouvoir. Il sait qu'il est encore sot ; et lorsqu'il ne le sait pas, c'est qu'il est encore plus sot."

("La jeunesse est inférieure", in Contre les poètes, Complexe, 1988, p. 90)

Il y a quelques années, le professeur Choron, confronté chez Polac à quelques lycéens contestataires, traduisait le même sentiment en termes un peu moins civils... Et aujourd'hui ? Le dyscole (celui, selon Trévoux, qui est d'un sentiment différent de celui des autres en matière de doctrine) ne peut être qu'un grincheux et, naturellement, un affreux réactionnaire.

Commentaires

Pas tout à fait d'accord. Si le jeune ne prend pas le pouvoir, c'est que les places sont déjà occupées. Sans parler de Bonaparte particulièrement précoce, Le Grand Condé a gagné la bataille de Rocroi à 23 ans. Dans chaque groupe émergent des leaders.

Écrit par : RPH | mercredi, 22 mars 2006

"Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant..." (Ecclésiaste, 10:16)

Écrit par : C.C. | jeudi, 23 mars 2006

Constantin, c'est un merci pour la connivence. Berlol étant intervenu après vous, j'y vais dans le continu de la réflexion , sans que nous nous prenions trop la tête :
« Il est - presque - certain que et C.C. et Berlol, vous avez toute raison. Il y a la connivence qui s'amplifie.
Je pense que l'interrogation que Berlol se posait un dimanche d'août 2004 peut sembler désuète, quoique... Je sais qu'à l'époque - est-ce si loin ? ça m'a ébranlé dans le projet d'écrire ce blogue.
J'en rappelle le commencement :
« Blog de Berlol
Dimanche 22 août 2004
En réticulogie de la blogosphère, constat d'asymétrie inertielle. Je me demande sérieusement si ces pages de journal sont ou pas des coups d'épée dans l'eau, disparaissant au fond de l'eau après avoir été tirés...
Que je proteste contre le gouvernement japonais ou contre tel plumitif médiatique hexagonal, que je m'interroge sur les coups de canon de Perry ou sur le découvreur de l'Australie, je ne récolte tout au plus qu'un commentaire perso d'un ami (que je remercie) ou d'un abruti qui ne comprend même pas ce que j'écris (je ne le remercie pas). Où sont les gens capables de répondre, au sens plein, avec de vrais arguments, profitant des possibilités du média en ayant aboli l'asymétrie scripteur-lecteur que des siècles de pratique livresque leur avaient léguée ? .........................»

Écrit par : grapheus tis | jeudi, 23 mars 2006

Merci pour cette réponse à tiroir, qui mériterait elle-même d'être commentée ; mais le dialogue — Berlol l'aperçoit certainement, même s'il ne le dit pas de façon explicite — est souvent avorté, faute de temps. Nous ne pouvons plus guère, comme "le philosophe occupé de sa lecture", si magistralement analysé par Steiner, conférer longuement avec le scripteur : celui-ci, le plus souvent, écrit sur le sable. Qui lit les archives des blogs qu'il fréquente ? Corollairement, peu nombreux sont les blogs qui, comme celui, par exemple, de Dominique Autié, s'attachent à la forme — je veux dire à la qualité de l'écriture — au point de rivaliser avec l'imprimé, et dont la qualité même dissuade les commentateurs potentiels, condamnés la plupart du temps à une plate approbation. Ailleurs, c'est la garrulité qui nous assomme et nous décourage d'affronter cyber-littérateurs et cyber-vitupérateurs. Il y a aussi, j'y reviens, la simple discrétion. "On est bien ici", on peut laisser un mot pour le dire, mais glissons, n'appuyons pas. Combien de commentaires balourds ne disent pas autre chose que : "Votre blog n'est pas mal, mais venez un peu voir le mien". On n'a pas toujours le souci de répondre à ces invites agressives ou pathétiques...

Écrit par : C.C. | vendredi, 24 mars 2006

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