lundi, 03 octobre 2005
Laconisme
Trois citations dédiées aux blogueurs incontinents.
"LE SERPENT :
Trop long."
(Jules Renard, Histoires naturelles)
"Matière suffisante pour se taire."
(Lichtenberg, Aphorismes)
"Paroles. Paroles."
(Henri Michaux, Poteaux d'angle)
22:20 Publié dans Mes inscriptions | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
Beaucoup de blogueurs sont trop longs parce qu'ils ne savent pas faire court. Mais du côté des écrivains, c'est autre chose : il leur faut d'abord être longs pour avoir le droit de faire court.
Écrit par : Le Uhlan | lundi, 03 octobre 2005
La brièveté est un art difficile — cf. Vialatte : "N'ayant pas le temps d'être bref, je serai un peu long." (citation approximative). Quelques aveux d'impuissance à faire long, pourtant, chez Leonardo Sinisgalli, par exemple ("Oubliettes"), et, dans une moindre mesure, chez Cristóbal Serra ("Pendule et autres écrits", Le Félin).
Écrit par : Constantin Copronyme | mardi, 04 octobre 2005
La forme brève invite à la lenteur
Écrit par : Ray | mardi, 04 octobre 2005
Je vous réponds incontinent que la synthèse n'est pas une qualité de romancier mais plutôt de journaliste. Le pire étant un journaliste qui s'étale.
Les romanciers ne développent-ils pas le plus souvent des faits divers ?
Écrit par : Lapinos | mardi, 04 octobre 2005
Ex. Stendhal avec Le Rouge et le noir ou Dostoïevski avec Les Possédés...
Écrit par : Le Uhlan | mardi, 04 octobre 2005
Au départ, je pensais surtout à la forme (ou à l'absence de forme) particulière du blog, qui tient des "petits genres", plus ou moins fragmentaires, aphoristiques ou fourre-tout (Scutenaire, Lichtenberg, Leiris, etc.) — mais qui doit en outre, s'il est destiné à être lu, "extime", compter avec les contraintes particulières de l'écriture électronique et de la lecture sur écran.
La tentation est grande de mettre en ligne des pages entières, mais il faut bien se dire que peu de lecteurs auront la patience, à moins qu'elles ne soient d'une qualité exceptionnelle, de les parcourir attentivement.
C.C.
Écrit par : C.C. | mardi, 04 octobre 2005
Votre principe est bon, mais tenez, je viens juste d'imprimer quelques pages de votre blogue pour un ami qui n'a pas internet et je sens qu'il va m'en redemander.
Écrit par : Lapinos | mardi, 04 octobre 2005
Personnellement, ce n'est pas tant la longueur que le style qui me gêne. Un propos certes long mais dans un style enlevé, incisif, avec des phrases courtes vaudra toujours plus que n'importe quelle note brève dont il faut reprendre la lecture par deux fois au minimum avant d'en percevoir le sens.
Cela dit dans l'absolu et indépendamment de l'exercice particulier qu'est la tenue d'un blogue.
Écrit par : Madame de ... | mardi, 04 octobre 2005
... et lorsque le style enlevé est au service de la narration brève, cela nous vaut des merveilles comme les premières lignes de "Point de lendemain" : "J'aimais éperdument la comtesse de ... ; J'avais vingt ans, et j'étais ingénu ; elle me trompa, je me fâchai, elle me quitta. J'étais ingénu, je la regrettai ; j'avais vingt ans, elle me pardonna : et comme j'avais vingt ans, que j'étais ingénu, toujours trompé mais plus quitté, je me croyais l'amant le mieux aimé, partant le plus heureux des hommes."
Du Mozart, du champagne !
Écrit par : C.C. | mardi, 04 octobre 2005
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