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jeudi, 15 septembre 2005

De l'horrible danger de l'écriture

Le mentir-vrai romanesque est finalement beaucoup plus dangereux que l'imposture politique éventée. Celle-ci vous vaudra une boule de neige, un œuf, le mépris... tout cela ne saurait affecter les charlatans dépourvus de fierté qui prétendent aux suffrages de la populace. L'écrivain est autrement exposé à la vindicte publique. Récemment, Pierre Jourde, pour avoir indisposé les naturels de son village natal, peu flattés de s'être reconnus dans Pays perdu (L'Esprit des péninsules, 2003), a échappé de peu à un lynchage en règle. Luc Baptiste avait eu, lui aussi, quelques ennuis avec certains villageois bourbonnais lors de la publication de son roman Le village et enfin (Éditions Bleu autour, 1997)... Allez donc expliquer à ces gens-là que c'est de la littérature, que — Valéry l'a bien dit — les personnages sont des "vivants sans entrailles", que toute ressemblance, etc., etc. Il n'est pire sourd qu'un rustre à qui on ne la fait pas. Et, derrière le prétexte, l'affront, l'insulte faite à la communauté rurale, toujours cette haine sourde et rancie de l'intellectuel aux mains trop propres.
On pense à la scène pénible que rapporte Perros dans ses Papiers collés, les pêcheurs bretons avinés et hargneux : "Tenez, regardez mes mains, on dirait qu'elles sont sales, hein... C'est des mains de travailleur, ça, pas de fainéant... Vous prenez un verre ? Vous prenez un verre ou vous n'êtes pas français... T'as vu ses mains, il doit rien foutre, çui-là..." (Papiers collés I, 1960)

Commentaires

Terrible rappel que votre citation de Perros.
Merci d'être venu lire mon humeur. L'argent n'a plus d'odeur en littérature. En a-t-il jamais eu ?
Lisant vos liens, je vois que nous avons quelques références en partage. Il n' y a guère que "Stalker" qui ne me chaut guère. Trop long, trop verbeux dans son blogue.
reviendrai vous lire.

Écrit par : grapheus tis | jeudi, 15 septembre 2005

Quelques références, assurément...
On rencontre pas mal de beau monde sur votre blog, surtout côté poètes (merveilleux Cadou...). Et ces couvertures des vieux "Poètes d'Aujourd'hui" ! Souvenirs, souvenirs...
Quant au "Stalker", je partage votre avis : cela relève plus de la "garrulitas" que de la "copia", mais ce genre d'énergumène joue parfois fort opportunément les empêcheurs de penser en rond et peut susciter de saines exaspérations !

Écrit par : C.C. | jeudi, 15 septembre 2005

Les commentaires sont fermés.